Les tourelles cuirassées


1885
Le gouvernement roumain décida cette année là de fortifier la capitale, Bucarest. A cet effet il s’adressa à Brialmont pour dresser les plans des fortifications. Celui-ci proposa d’établir une ceinture de forts dotés de tourelles, ce qui imposait le choix de l’une des deux firmes qui en fabriquaient à cette époque : la maison Gruson qui proposait les tourelles Schumann et sa concurrente française de St-Chamond, travaillant sur les projets du Commandant Mougin. On recourut alors à des épreuves comparatives et un concours eut lieu en janvier 1885 au polygone de Cotroceni, près de Bucarest.



Mais à cette époque les deux sociétés avaient déjà procédé à maints essais et avaient modifié leurs plans originaux. La tourelle proposée par Mougin était différente de celle qu’il avait conçue en 1876 et fait installer dans nos forts. Elle abrite toujours deux 155 mais il avait abandonné le profil carapace de tortue pour présenter une tourelle cylindrique dotée d’un toit plat. La muraille avait une épaisseur de 45 cm, la toiture 35 cm et la tourelle affichait un poids de 120 tonnes pour 4,80 m de diamètre.


Pour sa nouvelle tourelle, Gruson avait abandonné la fonte et créé une cuirasse faite d’une plaque de 10 cm de fer forgé doublée de plaques d’acier de 3 et 7 cm d’épaisseur. Un mécanisme à vis permettait de faire descendre la tourelle de 15 cm afin que le toit fut à niveau avec l’avant cuirasse pour dissimuler les canons. La tourelle avait toujours une forme très fuyante et abritait deux pièces Krupp de 15O mm. Quoique le profil de la tourelle allemande ait été bien meilleur, ce fut la tourelle Mougin qui sortit vainqueur du concours. Il fallut pourtant la modifier encore et surtout lui rendre le profil «carapace de tortue» et utiliser la technique allemande pour la réalisation de la cuirasse. Alors le gouvernement roumain passa une commande d’un montant de 23 millions de francs or et 60 de ces nouvelles tourelles furent réalisées pour les places de Bucarest et Kronstadt.



1885-1886
Une succession d’innovations dans le domaine de l’artillerie aboutira à la fameuse «crise de l’obus torpille « qui poussera les fortificateurs à reconsidérer certaines de leurs conceptions. Il était maintenant évident qu’il fallait mettre toute l’artillerie des forts sous tourelles et casemates et utiliser le béton dans la construction des futurs ouvrages.

1886
L’unique tourelle tournante fabriquée en Angleterre fut installée à Douvres. Ce monstre de 900 tonnes abritait deux canons de 406 mm et était mu par une machine à vapeur.



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