Bulletin 3 de 2004


Editorial

LA REVANCHE DE LA LIGNE MAGINOT

Pour la plupart de nos concitoyens et même nombre d'étrangers, la Ligne
Maginot n'a servi à rien. Ou encore, si elle a servi, c'est pour
incarner la défaite de la France et des Français en général, tous
fuyards ou poltrons en cette désastreuse année 1940. On peut donc la
vilipender, cette Ligne Maginot, l'accabler de tous les maux, développer
des théories où les "il n'y avait qu'à" et les "il aurait fallu que"
fleurissent dans les discours de nos concitoyens tous subitement devenus
stratèges et politiciens de haute volée. Pauvre Ligne Maginot !

Et pourtant, moi je trouve que la Ligne Maginot ne se porte pas si mal.
Son principal propriétaire, l'Etat, vient même de redécouvrir son
existence. Son dossier est à l'étude auprès du Délégué au patrimoine du
Ministère de la défense, où l'on découvre le travail réalisé depuis
vingt années par les associations.

Elle est à l'ordre du jour dans les projets de la Direction de la
Mémoire et du Patrimoine de l'armée de terre, pour la valorisation de
sites où s'est forgée l'histoire de notre pays, par la mise en place
d'un circuit touristique appelé "les chemins de la mémoire", où la Ligne
Maginot a sa place. La DMPA a d’ailleurs édité, dans la collection
«Mémoire de pierre», le fascicule n°4 qui, bien que comportant quelques
approximations et inversions, n’est pas négligeable. Il a pour titre
«La Ligne Maginot»

Du coup, l'Office National des Anciens combattants (ONAC) de la Moselle
a aussi édité un fascicule (gratuit) de belle qualité intitulé "La Ligne
Maginot en Moselle - forteresse oubliée", au contenu certes succinct,
mais suffisamment explicite pour commenter l'essentiel et surtout
attirer le quidam vers les ouvrages visitables du département de la
Moselle.

Et puisque nous sommes en Lorraine, n'oublions pas que les décideurs de
cette région ont misé gros sur l'ouvrage du Simserhof, à Bitche, qui est
censé devenir la locomotive touristique de l'Est de la Lorraine.

En Alsace, la Ligne Maginot est, elle aussi, à l'honneur. Son existence
est désormais une chose acquise car son impact touristique ne cesse de
grandir. Rien qu'au Schoenenbourg, le nombre d'entrées a doublé depuis
1995 et nous allons accueillir, à la fin de cette année, notre 500 000
ème visiteur. La Ligne Maginot figure d'ailleurs en bonne place dans le
rapport d'activités de l'Agence de Développement Touristique du
Bas-Rhin. dont le rôle est de promouvoir le tourisme bas-rhinois au
travers de nombreux salons nationaux et internationaux.

Dans ce rapport, nous avons relevé les salons touristiques où la Ligne
Maginot apparaît sous la rubrique "demandes dominantes". Ce sont les
salons : Vacances en France - Paris, Salon du tourisme et des vacances -
Nantes, Rendez-vous France - Vincennes, M.I.T. International - Paris,
C.M.T. - Stuttgart, C.B.R. - Munich, Touristik et Caravaning - Leipzig,
I.T.B. - Berlin, Vive la France - Londres, W.T.M. Londres, Salon de
vacances - Bruxelles, Travel - Bruxelles, B.I.T - Milan, Bourses France
- Montréal, Bourses France - Budapest, T.U.R Göteborg.

Autant dire que la demande "Ligne Maginot" est en train d'exploser aux
quatre coins du monde alors que ce n'était encore qu'un phénomène
purement régional il y a une vingtaine d'années. Pas possible, me
direz-vous, mais alors la Ligne Maginot ne serait plus la chose honteuse
qu'on peut dénigrer, voire cacher ? Eh bien oui, la Ligne Maginot a la
cote, mais elle revient de loin! Moi, je trouve qu'elle est même en
passe de prendre une belle revanche.

Certes, tous ne seront pas encore convaincus. Il y a ceux qui vous
diront : "Avec cet argent, on aurait pu construire des chars, des
autoroutes ou des maisons de retraite". A cela on peut répondre que la
Ligne Maginot, tout en ayant été une importante charge pour la
collectivité, n'a pas été le gouffre financier qu'on veut nous
présenter. Pour preuve, nous avons établi que son coût total (travaux
CORF et de complément) s'élevait à 2,337 milliards d'euros, soit
seulement 17% du déficit de la sécurité sociale française en l’an 2004.

Et puis, les adversaires d'autrefois nous remboursent désormais la Ligne
Maginot. Vous ne le saviez pas ? Un exemple, au Schoenenbourg, nous
avons calculé qu'ils ont déjà restitué les coûts de construction du bloc
1, superstructures et dessous compris. Comment cela ? Tout simplement en
achetant leur billet d'entrée. Quand je vous disais que la Ligne Maginot
était en train de prendre sa revanche, lentement mais sûrement !

Mais la meilleure des revanches vient de choses beaucoup plus
terre-à-terre. Par exemple, les cris des enfants qui courent joyeusement
dans la grande galerie, là où il y a plus de 60 ans, sous les bombes,
des hommes ont manifesté leur frayeur de sentir leur vie et leur liberté
menacées. Tout un symbole !

Jean-Louis Burtscher



LA VIE DE L'ASSOCIATION


Dimanche 23 mai 2004 :
Les musiciens de la Garde républicaine, qui
s'étaient déplacés pour une manifestation dans le nord de l'Alsace, ont
visité notre ouvrage. Les membres de cette prestigieuse formation
étaient ravis de leur visite et ont consigné leurs impressions dans le
livre d'or.

Mercredi 26 mai :
La chaîne TV Voyages réalise un reportage filmé sur
notre ouvrage.

Le 27 juin décéda Joseph Mathès qui était à la fois une figure
marquante de notre association et un peu de la mémoire du Schoenenbourg.
En effet, notre ami Joseph avait été, dès 1939, un des cadres affectés à
notre ouvrage. Officier SRI (service de renseignements de l'Infanterie)
il avait été volontaire pour prendre la tête du corps franc qui
effectuait régulièrement des reconnaissances sur le terrain alentour.

Revenu à la vie civile, il embrassa la carrière d'instituteur, puis de
directeur de l'école élémentaire de Wissembourg, où il était connu et
estimé de tous. Il se passionna pour la philatélie et l'histoire de sa
région, où il contribua à la rédaction de nombreux articles, dont
certains consacrés à la Ligne Maginot.

Il a toujours été un ardent supporter de notre cause et sa plus grande
déception était de ne plus pouvoir, de par sa santé défaillante,
descendre les 135 marches du Schoenenbourg où il avait laissé tant de
souvenirs. Membre fondateur de notre association, il n'avait eu que des
paroles d'encouragement à notre égard. Elles nous manqueront, à l'avenir !

Juin : la chaîne de télévision "Tourisme info " diffuse une très
intéressante émission sur le tourisme de mémoire. Le reportage montre
principalement le Mémorial de Caen, le Simserhof, le Schoenenbourg, et
analyse les différentes manières d'aborder ce type de tourisme. La
critique fut acerbe, pour certains, mais positive, pour le
Schoenenbourg.

2 juillet : visite de deux officiers supérieurs suisses, dont le
colonel Rapin, éminent spécialiste des ouvrages fortifiés et le général
Wermelinger, ancien chef d'arme de l'artillerie suisse. Ces messieurs
avaient joint l'utile à l'agréable en nous apportant la toute nouvelle
édition de " Combats sur la Ligne Maginot ", un magnifique récit des
événements concernant entre autres le Schoenenbourg, rédigé en son temps
par le Lt-colonel Rodolphe, commandant du Groupement d'Artillerie de
Forteresse n°3.

3 juillet : Importante commémoration sur le parvis du fort de
Schoenenbourg et dévoilement de la troisième plaque figurant sur le
monument commémoratif (voir en page 1).

3 juillet : Une équipe de la chaîne régionale de télévision FR3 effectue
un reportage filmé dans les entrailles de notre fort de Schoenenbourg.

3 juillet : Journée de la Ligne Maginot, annoncée par les médias à
l'initiative de la Fédération des Associations de la Ligne Maginot
d'Alsace. Tous les ouvrages accueillant du public le font à demi-tarif,
ce jour là.

19 juillet : Le Schoenenbourg reçoit la visite du général Masson,
délégué au patrimoine de l'armée de terre. Bien que nous n'ayons, depuis
l'achat du fort par les communes, plus rien à voir avec l'autorité
militaire, la visite du général était quand même importante puisque
celui-ci venait contrôler le bon emploi des matériels que le Ministère
de la défense nous avait alloués, à titre exceptionnel, après la vente
du fort.

Le général Paul Masson était accompagné de son jeune fils, de son
représentant pour la Région militaire Nord-Est, et du secrétaire général
de la Fédération des associations de sauvegarde de la fortification.
Cette commission, dont la volonté affichée était de contrôler la bonne
conservation et la valorisation des matériels confiés par l'armée, mais
aussi des orientations muséologiques en rapport, parcourut l'ouvrage
sous la conduite de notre président, de notre chef des travaux, du chef
des guides et du secrétaire général. Bref, le grand jeu, pour la bonne
cause.

Un moment de détente fut la pause déjeuner, qui réunit tout ce beau
monde autour de la grande table du PCI, où les spécialités alsaciennes
régalèrent ces visiteurs peu communs. C'était aussi un moment chargé
d'émotions, car, comme le rappela notre président, personne n'aurait osé
imaginer, à la fin des années 1970, qu'un jour nous inviterions un
général à déjeuner dans ce qui était alors un ouvrage à l'état d'épave.

Le général explora même des endroits non ouverts au public et alla
jusqu'à grimper dans la chambre de tir de la tourelle du bloc 4. Au
final, il fut absolument ravi de sa visite et nous exprima, par écrit,
ses félicitations.

Du 4 au 10 juillet : L'équipe dirigeante du Simserhof avait organisé une
campagne de communication dans laquelle les associations gérant un
ouvrage de la Ligne Maginot pouvaient se promouvoir. Installé dans le
magnifique hall d'accueil du Simserhof, notre stand présentait une
maquette au 1/35e de notre entrée des hommes, ainsi qu'une borne
d'information interactive réalisée par notre chef des travaux, pour la
consultation d'une grande partie de notre site Internet.
Le tout eut un beau succès, malgré la mauvaise surprise d'une panne
d'ordinateur. Merci à l'équipe du Simserhof pour cette initiative.

Le 17 août le reportage tourné au Schoenenbourg par une équipe de
télévision est diffusé sur FR 3 Alsace. Trois minutes d'images montrant
l'essentiel des installations internes, et une interview de notre
responsable des guides.

Le 22 août, une délégation menée par le président Marc Halter se rendait
à une invitation lancée par la commune de Barst-Marienthal et
l'association socio-culturelle de Barst. Au programme, des
manifestations pour fêter le 60e anniversaire de la libération du
village et la mise en service d’un «chemin de la mémoire. Il faut savoir
que ce qu’on appelait autrefois «le saillant de Barst» est truffé de
nombreux ouvrages défensifs qui sont désormais en partie reliés par un
chemin touristique.

Mais ce qui avait fait déplacer notre délégation était avant tout la
signature d'une convention de prêt de matériel. Car notre conseil
d'administration avait, il y quelques mois déjà, décidé de mettre à
disposition de la commune de Barst des matériels existant autrefois dans
les intervalles, récupérés au fil des ans par l'AALMA et ne trouvant pas
réellement leur place au sein d'un gros ouvrage.

Et comme la municipalité, avec l'aide de bénévoles motivés et
compétents, avait entamé un processus de valorisation du secteur
défensif de la Sarre, dont le premier élément sauvegardé fut le fameux
wagon antichar de Barst, l'opportunité de valoriser ces matériels dans
un milieu plus adapté conduisit à cette décision.

Parmi les signataires, notre président, ainsi que Bruno Neumann, maire
de Barst, ratifièrent le document sous le regard attentionné de Michel
Mansuy, secrétaire général de la fédération des associations de
sauvegarde de la fortification.

A midi, tous se retrouvèrent autour d'un bon repas tandis que les
musiciens jouaient des airs des années folles, Il y eut l'élection d'une
Miss.
Vers 16h les officiels et les invités se déplacèrent jusqu'à la casemate
d'artillerie "La Costaude", pour procéder à son inauguration. Un gros
travail de réhabilitation de la casemate avait été réalisé par les
bénévoles du cru : nettoyage, peinture, rééquipement, etc. Cet ouvrage
est un des éléments majeurs de ce secteur, surtout caractérisé par des
systèmes d'inondation, d'obstacle antichar et de petits et de moyens
bétons, de cuirassements improvisés tels que des tourelles de chars et
des observatoires de plusieurs types.

Tout cela fait désormais l'objet d'un chemin de la Mémoire balisé et
valorisé, et doté ultérieurement d'un centre d'interprétation. Les
cuirassements prêtés par l'AALMA permettront d'étoffer le dispositif, il
valait mieux qu'ils soient là au lieu d'être inemployés au fond du
Schoenenbourg.

Cette journée, très réussie, avait été animée, entre autres, par une
douzaine de reconstituants du GRCA (Groupe de Reconstituants et de
Collectionneurs 1939/40) costumés en soldats de 1940 qui firent forte
impression, particulièrement lors de la levée des couleurs et en fin
d’après midi, pour l’inauguration de la Costaude.
TRAVAUX AU SCHOENENBOURG


La rénovation de la téléphonie.

Installé par nos bénévoles à la fin des années 1980, le système interne
de téléphonie du Schoenenbourg donnait des signes de vieillissement et
perdait peu à peu sa fiabilité. En 2003, notre conseil d'administration
prit la décision du remplacement et de l'extension de l'installation
téléphonique. Avec toutefois une exigence : celle que ces nouveaux
appareils soient accessibles à n'importe qui, notamment aux visiteurs
qui pourraient avoir besoin d'aide. Bref, nous allions installer une
vraie téléphonie de secours.

De nouveaux postes furent commandés chez un spécialiste en la matière.
Nos techniciens prirent en charge la préparation et la mise en place des
supports et l'extension des lignes. Car il fallait loger chaque appareil
dans un boîtier relativement étanche, vitré, doté d'un éclairage et
d'une signalétique en plusieurs langues. Ces travaux préparatoires
durèrent près d'une année, au terme de laquelle l’entreprise spécialisée
installa un central dans la caisse, et procéda au raccordement des
postes.

Ainsi, aux premiers jours de la saison touristique 2004, quatorze postes
étaient opérationnels sur tout le parcours visitable, et même en dehors.
Concrètement, le guide ou la personne en difficultés se trouvera
toujours, où qu’ils soient, à moins de 100 m d'un téléphone de secours.
Du fond de l'ouvrage, un guide confronté par exemple à un accident
corporel peut alors appeler directement le centre de secours adéquat,
tandis que le visiteur isolé qui rencontrerait un problème peut appeler
en direct, sans autre manipulation, la préposée à la caisse. La
caissière peut en outre immédiatement localiser la provenance de
l'appel. Bien entendu, notre personnel peut communiquer d'un poste à
l'autre, pour des questions d'organisation.

Chaque coffret téléphonique est par ailleurs doublé d'un coffret de
secours contenant des pansements et autres articles de soins
élémentaires. Ces éléments ne sont accessibles que par notre personnel.
C'est donc un nouveau pas vers la sécurité que nous avons entrepris,
entièrement financé par nos propres moyens, d'un coût de 8500 euros.


Du jamais vu !

Chaque association se démarque de ses voisines par une particularité qui
la caractérise. L'AALMA se distingue certainement des autres par ses
choix en matière de préservation du patrimoine. Un des plus récents a
été d'entamer la rénovation et la préservation du bloc 1 du
Schoenenbourg. Quelle utilité, me direz-vous, de restaurer un bloc qui
n'est pas et qui ne sera sans doute jamais ouvert à la visite ? Eh bien,
sachez, chers lecteurs, que nos bénévoles ont l'ambition d'aller plus
loin que ce que font la plupart des collègues, c'est-à-dire de valoriser
uniquement ce que le visiteur voit. Car chez nous, l'objectif est de
préserver l'intégralité du fort.

Il est vrai que nous sommes encore loin de cet objectif et qu'il est
important, avant tout, de satisfaire le visiteur en soignant le circuit
de visite. C'est ce que nous avons réalisé depuis 24 ans. Maintenant que
le plus gros est fait, nous pouvions penser à entamer une chose que
personne n'avait faite dans un gros ouvrage : préserver un bloc non
ouvert au public.

Le choix se porta sur le bloc 1. Notre équipe de peintres entreprit
d'abord de rénover tout le bas du bloc, c'est-à-dire le couloir de
desserte, le local aux tableaux électriques, la petite soute à
munitions, la porte blindée, les deux portes sas, la ventilation, etc.
Le résultat était tellement probant que l'idée vint, dans la foulée,
d'ouvrir les premiers mètres au public, jusqu'à la seconde porte sas,
sitôt le chantier terminé. Ces quelques mètres et une vue vers le fond
du bloc pourront d'avantage influer sur l'imaginaire du visiteur, en
laissant supposer tout ce qu'il y a encore derrière cette limite. A ce
jour, le chantier a été déplacé à l'étage supérieur du bloc où les
travaux ont déjà bien avancé.


Du nouveau dans la grande galerie

Il faut absolument rendre la galerie principale plus attrayante et
rompre sa monotonie. Cette réflexion avait déjà abouti à aménager le
blockhaus de la porte blindée proche des magasins aux artifices et de
l'entrée du câble 20 000 volts. Il restait à valoriser l'atelier du
génie, l'atelier des téléphonistes et le local du forage téléphonique
non exploité.


L'atelier du Génie

Fermé et cadenassé depuis une vingtaine d'années car fréquemment inondé
par le débouché d'un forage de câble téléphonique provenant de
l'extérieur, le radier recouvert de grandes croûtes de calcaire, sale et
repoussant, bref, rien ne pouvait laisser imaginer qu'un jour ce local
infect pourrait être ouvert à la visite. Il y eut un gros travail
d'assainissement et de captage d'eau, puis de peinture. Il sera, dans un
premier temps, meublé sommairement en le dotant d'un lit, d'armoires
murales, de tabourets, d'un établi métallique, d'un répartiteur
téléphonique. Le peu d'espace disponible laisse supposer qu'il y eut là
un " bureau du génie ", et non d'un atelier comme le laisse entendre le
marquage d'origine découvert sur la porte.

Une réflexion est encore en cours concernant le détail de son ré-
ameublement définitif. Et même si ce point n'est pas encore entièrement
résolu, le local a déjà un aspect plaisant encore inimaginable il y a
peu.


L'atelier des téléphonistes

Face à la morgue, il était dans un état sanitaire déplorable, d'une
humidité repoussante et servait de débarras. Plus rien n'indiquait qu'il
eut autrefois une fonction technique. Il fallut le nettoyer, l'assainir,
colmater les entrées d'eau, le repeindre, rénover l'éclairage, installer
un ventilateur pour y faire circuler l'air.
Puis vint le moment de lui redonner une fonctionnalité technique avec
l'installation d'un établi, d'une table, de tabourets, d'étagères,
d'armoires murales, de prises téléphoniques et de courant, d'un lavabo,
et de deux grosses armoires étanches où étaient stockés les téléphones
quand l'ouvrage n'était pas en alerte.

Le visiteur qui franchit le seuil découvre maintenant un atelier sec,
accueillant, bien éclairé, avec le sentiment que rien n'a bougé depuis
1940. Nos techniciens ont une fois de plus fait un petit miracle en
changeant radicalement ce qui était encore en début d'année un " sale
trou " pour un pôle d'attraction supplémentaire.


Le local du forage téléphonique
qui devient cordonnerie


A mi-chemin entre la morgue et le PC, le petit local servant de débouché
à un forage téléphonique (pourtant jamais utilisé pour cet usage) était
lui aussi un sale trou, constamment inondé. Il avait été assaini en 2003
et la disparition de l'abondante humidité ouvrait alors d'autres
perspectives. Nos techniciens décidèrent d'y installer un atelier de
réparation de chaussures.

Certes, nous savions que ce local n'était pas affecté à cet usage en
1939, mais il n'était pas du tout incongru d'en reconstituer un là. Nous
savions qu'il en existait dans d'autres ouvrages et il y eut, sans
doute, dans le Schoenenbourg, un endroit improvisé où exerça un
cordonnier. Songez que sur les 600 hommes, immobilisés là pendant 10
mois, nombre d'entre eux ont certainement subi des avaries de
chaussures. Alors pourquoi pas ?

Le local sera repeint, éclairé à neuf, doté d'une porte grillagée
entièrement refaite, équipé d'une armoire à casiers, d'un lit
individuel, d'une table de travail, d'un siège, et bien entendu d'une
panoplie d'outils de cordonnier, sans oublier plusieurs paires de
brodequins qui apportent un cachet des plus réalistes.

Là aussi, ce fut une totale réussite en matière de réhabilitation, il
est vrai que nous ne sommes plus à notre coup d'essai.


Toujours dans la grande galerie

D'importants travaux d'étanchement ont repris au mois d'août. Des
dizaines de points d'entrée d'eau ont pu être traités à l'enduit
hydrofuge, améliorant encore l'état sanitaire de la galerie principale.

Les caniveaux et décanteurs de la galerie principale ont été nettoyés et
curés, de même que ceux des blocs, de la caserne et de l'usine, sur une
longueur de plus de trois kilomètres.
A ce propos il faut relever que grâce à notre ouvrier d'entretien, nous
pouvons désormais effectuer cette opération tous les ans, alors que ce
n'était pas le cas avec nos bénévoles. Egalement la plus grande part de
la valorisation des pôles d'intérêt cités plus haut a été effectuée,
notamment au niveau de l'assainissement et de la peinture, par notre
ouvrier d'entretien. Si nous n'avions effectué cette embauche, nous
serions loin de toutes ces réalisations !


Et aussi

Deux armoires murales ont été mises en place dans l'infirmerie, ainsi
qu'une tablette.

En fait, tout le mobilier récupéré avec la bienveillance des autorités
militaires et provenant de l'ouvrage du Schiesseck est désormais
restauré, et mis en place dans notre ouvrage.


AILLEURS

- Le 23 mai, l'Association des Amis des la Ligne Maginot d'Oberroedern
organisait une marche populaire qui comportait un circuit de découverte
des vestiges de la Ligne Maginot édifiés sur le ban de la commune.

- Le petit ouvrage de Lembach est en vente. Acheté il y a une quinzaine
d'années par un scientifique allemand, l'ouvrage aux trois blocs avait
fait l'objet d’un bon nombre de réparations et d'améliorations. Un
groupe électrogène neuf y avait été installé, ainsi que l'éclairage.
Mais c'est surtout le casernement extérieur qui avait été entièrement
rénové et aménagé en habitation de bon standing. C'est sans doute cela,
combiné à l'étendue du terrain (12 ha) agréablement situé qui explique
le prix de vente de 575 000 euros demandé par la veuve du propriétaire.
Cela fait maintenant plusieurs années que le PO est proposé à la vente,
mais n'a pas encore trouvé d'acquéreur.

- La Ligne Maginot figure en bonne place dans la manifestation "les
musées s'exposent" qui s'est tenue pendant deux mois dans le hall
d'accueil du Conseil général du Bas-Rhin.
- L'ouvrage du Simserhof a été victime de la foudre qui a sévèrement
endommagé les liaisons électriques et le système de sécurité du parcours
de visite. Le site a dû fermer ses portes entre le 7 et le 21 août, le
temps de la remise en état.


LIRE

"Combats dans la Ligne Maginot", le livre culte des événements et
combats qui se sont déroulés sur le front des ouvrages dans le Nord de
l'Alsace, en 1939 et 1940, a enfin été réédité. Ecrit par le lt-colonel
Rodolphe, commandant du groupement d'artillerie n°3, il relate, à la
manière d'un journal de marche, le contexte de l'époque, les activités
de l'artillerie, et par conséquent celle de notre ouvrage, les attaques
adverses.
Le livre est en vente au prix de 25 euros à la caisse du Schoenenbourg.
Pour nos lecteurs éloignés, il peut être commandé chez notre trésorier,
Richard JEHL, 56, faubourg de Niederbronn, 67110 REICHSHOFFEN, au prix
de 28 euros, port inclus.

Dans le n° 125 de la Revue de l'Outre-Forêt, Gérard Forche a rédigé un
article sur la plaque commémorative du 99e RIA posée au Gimbelhof, ainsi
que sur quelques témoignages d'événements s'étant passés aux
avant-postes de ce secteur, occupé par les soldats français.

"Ligne Maginot, Histoire et combats - Mentonnais, Sospel et sa région"
est un ouvrage de 185 pages et 200 photos, paru aux éditions "La plume
du temps" 127 rue de Prague, 07500 Guilherand Granges
Tél. 04 75 81 14 93 - fax 04 75 81 19 42, au prix de 36 €, plus 7 € de
frais de port.

"La Ligne Maginot" est une brochure éditée par le quotidien "Ouest
France", largement diffusée, au prix de 5 euros, qui explique la igne
Maginot et son contexte, brochure qui est plutôt destinée aux néophytes.


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