Henri VIALLE - Notes de combat (3)


Considérations tactiques sur l'attaque allemande de la Casemate Nord d'Oberroedern

Dès le temps de paix et en notamment au cours d'exercices de cadres et sur le terrain, l'attaque rapprochée des casemates avait été particulièrement étudiée. J'avais personnellement été chargé d'étudier l'attaque rapprochée de la casemate nord d'Oberroedern.

En dehors du bombardement d'aviation et de l'absence de chars, le déroulement de l'attaque s'est produit exactement comme prévu.

I. A la faveur d'un terrain extrêmement coupé, l'ennemi pouvait de Stundwiller gagner une base de départ totalement défilée à l'observation de nos cloches, ce qu'il fit dans la nuit du 18 au 19. Nous fûmes dans l'impossibilité par défaut d'artillerie de faire appliquer sur cette concentration de moyens les tirs de CP et d'arrêt prévus de tout temps.

II. En ce qui concerne les faiblesses de l'ouvrage.

1. La faiblesse des cloches (créneaux) était reconnue. En période de simple bombardement, il régnait déjà dans les cloches une insécurité gênant l'observation

2. La rupture des transmissions aux premières bombes a été pour nous une surprise et nous avons, dès cet instant, été privés de toute communication avec l'extérieur.

3. En ce qui concerne la résistance du béton, j'avoue mon incompétence technique, mais j'ai été surpris de l'efficacité de la bombe tombée dans le fossé diamant Coup certainement malheureux. Le projectile était une bombe de 1500 kg (renseignement allemand) lâchée de très faible altitude. Je dois reconnaître néanmoins que la protection assurée par le béton a été notre sauvegarde puisqu'il n'est pas tombé moins de 20 bombes de gros calibre dans le périmètre de l'enceinte.

III. L'attaque allemande s'est déroulée sur la face sud de la casemate.

Sur cette face, l'observation ne se recoupait pas avec celle de la casemate sud d'Oberroedern; tous les éléments d'intervalles qui devaient suppléer à ce manque d'observation et de feux étaient dégarnis par suite du départ de ces unités le 13 juin.

Le manque de feux de front et l'observation frontale rendus quasi impossibles par la destruction des créneaux et l'action de la base de feux allemande (canon 37, mitrailleuses 88 ou 100) ont permis l'abordage de l'enceinte.

Lieutenant – Colonel Henri VIALLE



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