Témoignages


 

A) Tous ceux qui ont eu en juillet 1940, un contact avec des Allemands, ont narré leurs compliments sur l'efficacité de notre artillerie. Il ne faut pas trop nous vanter de ce qui est une manière détournée bien germanique de se faire valoir.

B) Le Leutnant Autrichien Scherf est venu le 2 juillet avec une quinzaine d'hommes occuper Schoenenbourg. Nous parlions avec lui des journées précédents comme les joueurs discutent des plis levés après une partie de bridge. Lors de l'affaire d'Oberroedern-Nord, il avait circulé en voiture légère dans le village d'Aschbach et prétendait que les obus français suivaient sa voiture dans les tournants de la rue principale. Le clocher en grès rose d'Aschbach, à 2 Kilomètres au Nord de la position dominait le paysage et nous l'avions effectivement harcelé de nos obus de crainte qu'un observateur allemand ne s'y installe. 

Nous fûmes bien étonnés que les Allemands,  qui occupaient le village,  approchent un 88 Flak pour démolir le clocher; nous eûmes l'explication par Scherf : ne concevant pas qu'ils puissent être vus par nos observatoires cuirassés implantés au ras du sol sur les collines, les Fritz étaient persuadés d'être observés du clocher.  Mais ils n'osaient pas monter déloger le Franzose qu'ils y supposaient installé.

C) L'adjoint du Commandant RODOLPHE, lieutenant SKOROCHOD, tenait jour par jour, le journal de marche d'après lequel RODOLPHE a écrit son livre. Il juge globalement de l'efficacité de l'artillerie de la FORTIFICATION en remarquant ceci : tant que nos avant-postes tenaient Wissembourg et la zone en avant de la position, les points d'appui d'infanterie branchaient leurs téléphones sur le réseau d'artillerie de la FORTIFICATION par les boites de coupure. 

 Les officiers allaient ainsi jouer le rôle d'observateurs auxiliaires, placés au plus près des menaces ennemies, ils augmentaient l'efficacité du système C.O.R.F. d'autant mieux qu'ils voyaient mieux l'objectif que les artilleurs des observatoires cuirassés. Ces officiers d'infanterie demandaient l'appui de l'artillerie sous béton plutôt que celui de toute autre batterie du secteur.

D) A chacun des "cols du Sud" de Modane avait été construit un ouvrage d'avant-poste, en galerie souterraine réunissant trois ou quatre blocs à l'épreuve de l'obus de 155, en béton ou en rondins. L'avant-poste était muni d'un téléphone raccordé au réseau de la FORTIFICATION. Le lieutenant de Menthière commandait un tel avant-poste au col du Fréjus. A toute alerte, il demandait un tir de 81 à l'ouvrage du Pas-du-Roc, commandé par le capitaine Chanson. 

Il m'a écrit ceci : "Notre ouvrage fut bombardé par les Italiens avec apparemment des obus de moyens calibres. Nous vîmes quelque fumée derrière la crête où nous savions que de gros travaux avaient été faits durant des mois. Je demandais un tir à Chanson. il y mit le paquet et plus un obus italien ne fut tiré sur le Fréjus. 

Par contre, nous fîmes appel à Chanson pour tirer sur nous plusieurs fois, quand nous sentions que l'ennemi rôdeur s'approchait de nous en se cachant dans les rochers. Un jour, malgré le tir demandé et obtenu avec la précision habituelle, nous sentîmes l'ennemi resté là, terré, et par une embrasure entra une balle dans le fort lui-même, qui traversa le bras de l'observateur. Cela devenait plus grave ... Les attaquants devenaient plus durs. Nous lançâmes quelques grenades défensives ... et le calme revint."

E) Le major helvétique Rapin, dans la Revue Militaire Suisse cite le rapport d'opérations du Général Hilpert, chef d'état-major de la 1ère armée allemande : " ... il ne faut pas juger des possibilités de la défense française d'après le déroulement de notre avance du 15 juin qui permit aux troupes allemandes une importante progression. 

Il manquait aux Français leur artillerie (celle du 20' Corps), toutes leurs réserves, tout l'appui d'aviation, et les régiments d'intervalle qui étaient en place le 14 juin avaient disparu dans la soirée du même jour. Par dessus tout, il manquait au commandement supérieur français la ferme volonté de tenir à tout prix la ligne Maginot...

F) Le même major Rapin cite le récit du général Montagne pages 108/109 de La Bataille pour Nice et la Provence; nous reproduisons les extraits suivants: "Les tirs de l'artillerie française ont causé, au dire des prisonniers et d'après les messages captés et les résultats constatés, de très profonds ravages. 

Les tourelles du Mont-Agel, du Barbonnet, du Monte-Grosso leur donnaient une extrême souplesse .... Méticuleusement préparés, exécutés au moment opportun, même par mauvais temps, ils ont acquis tous leurs effets grâce a la parfaite liaison entre cette artillerie et l'infanterie des avant-postes, dont chaque élément se comportait en observatoire."


- Retour