Les Allemands s'intéressent
à l'approvisionnement en eau



En octobre 1940, le commandement allemand des fortifications du Rhin supérieur charge le lieutenant Sobotha d'une étude hydrologique concernant l'approvisionnement et l'évacuation des eaux du fort de Schoenenbourg. Celui-ci va exécuter cette mission avec une rigueur toute professionnelle, son analyse est pleine d'enseignements. 

1 - L'APPROVISIONNEMENT EN EAU 

GEOLOGIE : L'ouvrage de Schoenenbourg est situé sur une hauteur dont la crête est plate, et qui domine de 45 mètres les dépressions avoisinantes. Une importante couche de glaise de plus de 2 mètres d'épaisseur recouvre tout le terrain alentour (observé dans les cratères de bombes).

Dans la zone des cratères, à proximité des blocs 1 et 6, sont visibles des couches argileuses de couleur gris-bleu et vert olive. Une pente à la lisière nord de la forêt révèle un amalgame d'argile et de marnes, un coteau situé au nord-ouest du point 205 révèle, à côté d'argiles gris-bleu, la présence de couches gréseuses jaunâtres, vraisemblablement issues de strates importantes mais peu épaisses de grès.

Les renseignements fournis par les géologues de la société d'exploitation de pétrole de Pechelbronn révélèrent, suite à des données cartographiques et des prélèvements de forages, sous une importante couche glaiseuse, une couche de 100 mètres de marnes entrecoupée de couches gréseuses, au grain très fin.

Des relevés tectoniques faits jusqu'à proximité de Schoenenbourg signalent un affaissement en direction du Sud-Est ainsi qu'une zone de la fracture du couloir rhénan qui frôle l'ouvrage vers le Nord-Ouest. Néanmoins rien n'est perceptible sur le terrain.

2 - LA DISTRIBUTION DE L'EAU 

Dans cette succession de strates, on ne peut espérer de grandes quantités d'eau.

SOURCES :
Des sources émergent à la lisière de la forêt dans un ravinement de plus de deux mètres de profondeur. Des échantillons ont été prélevés. Les débouchés des sources n'ont pas fait l'objet de recherches.

NAPPES SOUTERRAINES : Des nappes souterraines ont été détectées à hauteur de la bifurcation de la galerie menant vers le bas du bloc 6, une petite retenue bétonnée a été érigée.

CAPTAGE DES EAUX : Les nappes souterraines ont été captées en deux endroits. Celle la plus au nord semble être tarie pour le moment. La retenue à deux compartiments (bas du bloc 6) délivre une eau claire, mais une grenouille est présente dans le compartiment scellé par un plombage. Cette eau est drainée vers un bassin d'environ 10 mètres cubes (environ 10 litres à la minute).

PUITS : Un puits se trouve près des entrées, dans le lieu qu'on appelle "caserne" Il s'enfonce à environ 90 mètres sous le radier. Une pompe immergée à étages y est installée, mais elle ne délivre que 7 mètres cubes à la journée. L'eau est recueillie dans une citerne métallique. Le forage de ce puits (occulté par la pompe) a pu être rendu accessible par le bris du bord de la paroi métallique.

UN NOUVEAU PUITS : Un nouveau puits a été édifié entre les lieux d'approvisionnement des avants et de l'arrière. Le forage a été réalisé en surface, dans les bois, sur l'avancée nord. La succession de strates a été reproduite, après examen des prélèvements, sur le registre de forage. On descendit entre 122 et 125 mètres de profondeur (d'après les indications du docteur Schnäbele, la limite inférieure des agglomérats fut atteinte à 126 mètres), jusqu'à une couche de sable blanc.

A partir de là, on pouvait espérer trouver de l'eau. Mais le forage dut être interrompu et obturé à l'aide de ciment dans la journée du 6 juin. Il fut abandonné car les combats prirent de l'ampleur à partir du 14 juin. Il n'y a donc aucune certitude de la présence d'eau dans la couche sablonneuse.

TRAITEMENT DE L'EAU : L'eau recueillie dans le bassin de la galerie principale et dans le puits était traitée au moyen de charbon actif, puis elle subit une adjonction de chlore (eau de Javel). Un système de pompes situé près de la citerne amenait l'eau jusque dans une seconde citerne placée en hauteur, elle était distribuée à partir de là.

EVACUATION DES EAUX : Les évacuations du réseau de galeries sont amenées dans une galerie qui fait office de canalisation. Cet égout visitable débouche, sur une distance d'environ 300 mètres, dans un fossé extérieur. Les dimensions de cet égout sont d'environ 1m X 2m. Sept grilles verrouillent cette galerie. L'orifice de l'égout visitable a été muré au début du conflit, pour ne laisser subsister qu'une buse de 30 cm.

Fait le 30 octobre 1940.



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