Lorsque, le 3 septembre 1939, se déclenchent les hostilités, le dispositif est en place. Mais il est incomplet : dans les Alpes, en raison des difficultés liées à l'altitude et au climat, des ouvrages ne sont pas achevés. En Lorraine et en Alsace, 40 à 50 % des projets n'ont pas vu le jour par suite de compressions des crédits.

Néanmoins, de Longuyon à Thionville et St-Avold, dans la région de Bitche et dans le nord de l'Alsace, la Ligne Maginot, même si elle présente quelques points faibles, est de taille à briser toute offensive frontale ennemie. Il en est de même dans les Alpes.

Elle ne rassemble pas moins de 152 tourelles à éclipse, 344 pièces d'artillerie, des centaines de canons antichars, de jumelages de mitrailleuses, des centaines de kilomètres d'obstacles antichars et anti-personnel, et surtout des troupes au moral élevé, décidées à appliquer jusqu'au bout leur devise "ON NE PASSE PAS".

Dans le pays, encensée par la presse et la radio, la Ligne Maginot est l'objet de toutes les adulations. La nation toute entière s'en remet à sa nouvelle Grande Muraille et les états-majors, un peu trop confiants également ,oublient qu'une fortification est un moyen et non une fin. On feint d'ignorer qu'une chaîne n'est jamais plus solide que le plus faible de ses maillons et que, plus grave, la Ligne Maginot s'arrête aux Ardennes...

La période de la "drôle de guerre" (septembre 1939 à mai 1940) est calme sur le front fortifié. La guerre commence véritablement le 10 mai 1940 lorsque Hitler attaque la Hollande, la Belgique et le Luxembourg, puis la France.

Le 13 mai, le front en fortification légère de campagne est enfoncé à Sedan. Après le désastre de Dunkerque, les masses blindées allemandes se ruent vers la frontière suisse, encerclant les armées de l'Est. Les troupes d'intervalle de la Ligne Maginot se replient sur les Vosges, laissant seuls les équipages des ouvrages et des casemates.

Plusieurs petits ouvrages, de part et d'autre de la Trouée de la Sarre, sont attaqués à revers et, démunis d'artillerie, succombent.

Mais dès qu'elles abordent la zone protégée par l'artillerie des gros ouvrages (régions de Longuyon, de Thionville, de Bitche, de Haguenau), les troupes allemandes essuient de graves échecs : attaques manquées, en particulier en Alsace, contre les ouvrages du HOCHWALD et de SCHOENENBOURG qui résistent héroïquement sous les pires bombardements et retiennent toute une armée allemande.

Lorsque l'armistice survient, le 25 juin 1 940, l'essentiel de la Ligne Maginot - près de 25.000 hommes - tient victorieusement et les ouvrages possèdent encore des munitions pour plusieurs semaines de combat. Les équipages n'accepteront d'évacuer les ouvrages que le 1er juillet, sur ordre formel du Haut-commandement français. Les troupes allemandes leur rendront partout les honneurs.




L'artillerie lourde allemande tire sur le Schoenenbourg




- L'après 1940