1850 : Le général Dufour, commandant en chef des troupes fédérales, pose les premières bases d'une fortification. Mais des raisons politiques et financières ne permettent pas la réalisation du système défensif.

1885 : L'évolution de la politique européenne entraîne les autorités fédérales à créer des fortifications permanentes. Une première étape concerne la région du Saint-Gothard avec son tunnel ferroviaire d'importance stratégique.

1892 : La deuxième étape consiste à fortifier le secteur de Saint-Maurice pour interdire l'accès des grands cols du Simplon et du Saint-Bernard, ainsi que l'accès par l'ouest au Saint-Gothard. Cette étape est poussée par la crainte de la France dont les relations sont restées tendues tout au long du XIXe siècle (1860 : annexion de la Savoie par la France).

1895 : La troisième étape concerne la frontière Est du pays. Le point central est Sargans-Luziensteig. Mais les travaux restèrent sur le papier au stade de projet sauf sur le col de Luziensteig.

1914-1918 : Renforcement des positions existantes, mais les travaux concernant de nouvelles fortifications ne sont engagés. La frontière orientale reste toujours à l'état de projet.

1918-1934 : Période d'entretien des ouvrages existants.

1934 : Suite à l'évolution politique de ses voisins (Italie puis Allemagne), la Suisse décide de relancer son effort d'armement. Le secteur prioritaire est la frontière orientale, dépourvue de fortifications modernes. Le centre de gravité est Sargans. C'est le troisième grand bastion (avec Saint-Gothard puis Saint-Maurice) qui sort de terre. Notons bien que Sargans est entièrement construit entre 1938 et 1946.

1938 : Les premiers ouvrages fortifiés modernes sont construits à partir d'octobre. L'ouvrage d'artillerie du Schollberg est le premier, pour Sargans se sont des fortins de frontière dès 1937.

1939-1945 : Les mobilisés suisses atteignent en mai-juin 1940 les 800 000 pour un pays de 5 millions d'habitants. La fortification va considérablement se renforcer à partir de 1939. Au cours des années 40, la construction de grands ouvrages neufs permet de verrouiller les pénétrantes du Nord des Alpes et celles du Jura par des petits ouvrages.

1942 : Le tournant pour la fortification suisse. La situation de la Suisse est critique : elle est complètement ceinturée par les troupes de l'Axe (Italie et Allemagne). Le Général Guisan, commandant en chef de l'armée suisse, décide la mise en place d'un nouveau dispositif de défense, appelé " Réduit National ". Il consiste à regrouper le gros des forces helvétiques dans une zone centrale qui correspond en gros au massif alpin du pays. La fortification devait alors jouer un rôle primordial.

1945 : L'introduction de l'arme nucléaire dans la guerre au Japon, entraîne une réadaptation générale de toutes les fortifications. L'armement est entièrement modernisé, et de nombreux ouvrages sont construits dans les zones frontières principalement. Les travaux réalisés sont tels que le système actuel de la fortification  peut être considéré comme postérieur à la seconde guerre mondiale.

1986 : Le point sur la fortification suisse. La mission stratégique de l'armée est exclusivement défensive. Elle consiste à sauvegarder l'intégrité du territoire national. Ensuite, la conduite du combat défensif a pour but de canaliser et d'user l'adversaire au moyen de plusieurs zones défensives échelonnées en profondeur (exemple de 5 barrages antichars successifs pour couper l'accès à une vallée), à couper les échelons avancés de l'adversaire de leur base arrière par l'action soit de l'aviation, soit par celle des troupes, mais aussi détruire l'adversaire par des contre-attaques.

1993 : L'effectif de l'armée suisse est de 600 000 hommes. C'est une armée de milice (réservistes). La mobilisation est organisée de telle façon qu'elle soit la plus rapide possible. La moitié de ces effectifs est concentrée dans le Réduit National. Le rôle réservé à l'infanterie reste important, notamment aux troupes aptes à se déplacer en dehors des grands axes routiers et à manœuvrer en terrain montagneux.

1995 : Plan de réforme de l'armée suisse et de sa fortification. Les 2/3 des ouvrages sont mis hors service. Par contre, on note la construction de 4 ouvrages (2 monoblocs) (4x2 monoblocs de 2 pièces chacun sur les 17 prévus), pour canons de 155mm  Bison et des positions pour mortiers de 120mm sous béton.


Document Cédric Populu

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