La préparation militaire de la Suisse



Quelques jours après l'annexion de la Bohême-Moravie (mars 1939), le conseiller fédéral Obrecht prend officiellement position contre les agissements de Hitler.

Le 24 août 1939 a lieu la signature du pacte de non-agression germano-soviétique . Ce pacte est ressenti en France et en Angleterre comme une catastrophe. Désormais Hitler a les mains libres à l'est, il ne risque plus d'être pris entre deux feux, les Français et les Anglais d'une part, les Russes d'autre part.

Le 30 août 1939, le Conseil Fédéral a obtenu les pleins pouvoirs de la part de l'Assemblée Fédérale (parlement). Il gouvernera par ordonnances.

La guerre est imminente, les troupes de protection des frontières sont levées. Le Conseil Fédéral convoque immédiatement l'Assemblée Fédérale qui élit Henri Guisan comme général  le 30 août 1939. Celui-ci est de langue francophone et un démocrate convaincu. Son influence doit contrebalancer les tendances germanophones, voire  les sympathies nazies au sein de l'armée. Le titre de général n'est attribué en Suisse qu'en temps de guerre.

Deux jours plus tard, Hitler attaque la Pologne. L'Angleterre et la France déclarent la guerre à l'Allemagne le 2 septembre 1939.

La Suisse n'est donc pas prise au dépourvu par l'ouverture des hostilités et l'armée suisse est mobilisée entre le 2 et le 5 septembre.

On lève 450.000 hommes, 42.000 chevaux et 12.000 engins motorisés.

Trois corps d'armée sont répartis le long de la frontière. La drôle de guerre commence aussi pour les Suisses.

Le dispositif suisse comportait deux échelons :

1) les troupes de frontière, appuyées à des fortifications permanentes et de campagne,

2) la position d'armée, sur laquelle s'exerçait l'effort principal de la défense, et que tenaient, les gros des forces.

Le tracé de cette position était jalonné par Sargans - Wallensee - Canal de la Linth - Lac de Zurich - Limmat- Jura Argovien, bâlois, bernois et neuchâtelois - Lac de Neuchâtel - Mentue - Lac Léman.

Le principe de la défense suisse reposait sur le fait qu'en cas d'agression d'un des belligérants, le pays pouvait compter sur l'aide qui serait apportée, automatiquement, par son adversaire.

Dans ce cas la capacité de défense de la Suisse s'en trouvait renforcée et prolongée. Notons que dans ce scénario la Suisse était désignée comme champ de bataille principal. Vu la politique de défense statique adoptée par l'armée française, l'agresseur potentiel de la Suisse ne pouvait être que l'Allemagne.

Le général Guisan a d'ailleurs eu des relations tendues avec le Conseil Fédéral car il a pris des initiatives à son insu, négociant par exemple avec le général français Gamelin, début 1940, pour coordonner l'action militaire au cas où les Allemands entreraient en Suisse.



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