L'emblématique canon de 47 modèle 34
Ce n'est de loin pas le plus puissant des armements de la Ligne Maginot et il n'a rien de vraiment spectaculaire, surtout une fois engagé dans son créneau et vu dans sa chambre de tir. Et pourtant il est le seul à figurer sur le fameux insigne "On ne passe pas" des troupes de forteresse et a donc été porté sur leur béret et donc sur leur front par des dizaines de milliers de soldats entre 1935 et 1940. Il est aussi le seul canon Maginot à avoir été construit à raison de quelques 400 unités, soit plus qu'aucun autre canon de forteresse à cette époque. Sur ce nombre, peu d'exemplaires subsistent encore de nos jours. Une bonne raison pour rappeler ce qu'était cette belle pièce d'artillerie antichar sous béton.
Partiellement engagé dans son créneau, le canon de 47 de l'entrée des munitions du fort de Schoenenbourg. Sur la trémie, les voyants cachés indiquent que le cadre fixe du canon n'est pas verrouillé. Au mur à droite, une réserve de "camemberts", des chargeurs de 150 cartouches de 7,5 mm pour le jumelage (caché derrière le canon).
Conception et réalisation
Curieusement, au début des années 1930, alors que les plans des casemates d'infanterie étaient établis et approuvés, et que souvent les constructions étaient en cours et même parfois en voie d'achèvement, la menace que pouvaient faire peser les chars de combat ne semblait pas être une préoccupation prioritaire. Apparus sur les champs de bataille en 1917 et même en grand nombre en 1918 comme le fameux FT17, les blindés ne cessèrent de se développer pendant l'entre-deux-guerres. Or l'armement prévu initialement pour les casemates d'infanterie, le jumelage de mitrailleuses de 7,5 mm, était bien incapable de percer le moindre blindage de char.
Dès 1927 pourtant, la CORF avait évoqué la question. Diverses propositions se succédèrent jusqu'en 1931 telles que celles de casemates d'artillerie à mission antichar #1Solution effectivement appliquée mais seulement à quelques coffres de fossé avec des 75 R 32 au Hochwald et au Hackenberg. ou de pièces mobiles de 75 ou 82, donc extérieures aux ouvrages. Pendant ce temps, un canon antichar était à l'étude aux Ateliers de Puteaux puis mis aux essais à Bourges à la fin de 1933 et en 1934, sous la désignation de " matériel de 47 antichar de casemate type APX ". Le canon AC de 47 mm modèle 1934 était né. Ayant donné satisfaction après quelques réglages et modifications mineures, le " matériel " était mis en fabrication à partir de 1935 et livré progressivement en 1936, 1937 et 1938 #2Il semblerait qu'il y ait eu une première commande de 336 exemplaires. Toutefois parmi les rares canons de 47 qui existent encore de nos jours deux portent les numéros de fabrication 386 et 391 ce qui laisse à penser que quelques 400 exemplaires au moins auraient été construits..
Tout juste sorti de l'Atelier de construction de Puteaux, on voit ici le prototype du canon de 47 aux essais à l'Etablissement d'expériences techniques de Bourges en mai et juin 1934. Certaines pièces telles que l'équilibreur, la réglette graduée indicatrice de pointage en direction et l'entonnoir à douilles ne sont pas encore montées à ce stade. (C ) cadre mobile, (CF) cadre fixe, (CR) chariot de roulement, (MO) manchon-glissière, ou masse oscillante, (1) fourreaux filetés des broches à vis, (2) sécurité de chargement, (3) volant de pointage en direction, (4) clé de la serrure de sécurité du cadre fixe.
Le même matériel vu côté gauche. Il manque encore ici la lunette L 652. (1 ) volant de pointage en hauteur, (2) volant de pointage en direction, (3) détente de percussion.
Toujours le même prototype ici en position de tir à l'angle 0°, cadre fixe et matériel verrouillés dans la trémie. L'entonnoir à douilles (R ) n'a pas encore sa forme définitive. Quelques accessoires tels que les indicateurs de verrouillage à voyant manquent encore sur le cadre de la trémie. À gauche en blanc, levolet intermédiaire du jumelage (absent ici). (1) raccord télescopique du conduit d'évacuation des douilles, (2) goulotte, (3) raccord du collecteur de douilles du jumelage.
La plupart des casemates d'infanterie étant terminées dès 1933 et seulement prévues initialement pour deux jumelages de mitrailleuses, il n'était plus possible d'y ajouter un 3e créneau pour le 47. Force fut donc d'adapter l'un des deux créneaux pour jumelage afin de recevoir également un 47. Jumelage et canon devaient donc alterner dans le même créneau. La solution au problème aboutit à un système complexe de cadre et de volet d'embrasure pouvant s'effacer en pivotant pour le jumelage, de chariot roulant sur un bi-rail pour supporter le canon de 47 et lui permettre aussi de s'effacer selon le cas. De plus il a fallu remplacer les trémies blindées n° 2 et 3 des jumelages par des trémies n° 4 adaptées à la fois au canon de 47 et au jumelage.
En outre, l'installation du canon de 47 ne pouvait se faire que si la chambre de tir avait une largeur d'au moins 3 mètres ce qui était loin d'être toujours le cas dans les casemates déjà construites. La solution fut d'adopter un canon antichar légèrement plus petit mais aussi un peu moins performant, le canon de 37 AC modèle 1934 #3P. Truttmann (La Muraille de France) cite le nombre de 145 exemplaires construits..
Description
Comme tout matériel d'artillerie, le canon de 47 AC Mle 34 est un engin complexe et sophistiqué, d'autant plus qu'il doit permuter avec un jumelage dans le même créneau. Il est spécialement destiné à effectuer du tir à pointage direct et à grande vitesse initiale. En gros il est constitué de :
- la masse oscillante (la bouche à feu et ses accessoires)
- un cadre mobile et un cadre fixe
- les mécanismes de pointage en direction et en hauteur
- le mécanisme de mise de feu et de sécurité de mise de feu
- un chariot de roulement
- un dispositif d'évacuation des douilles
- un équilibreur.
Détaillons un peu ces différents éléments :
Elle est constituée de
C'est une pièce en acier moulé qui porte le manchon-glissière grâce à deux tourillons horizontaux. Il est relié au cadre fixe (ci-dessous) par deux tourillons verticaux. Il est aussi relié au secteur denté de pointage en hauteur et à la commande de pointage en direction. Ce cadre mobile permet donc à la bouche à feu de se déplacer dans le sens vertical et dans le sens horizontal.
C'est une pièce en acier moulé qui sert à la fixation du matériel sur la trémie du créneau de la casemate. Chacun de ses angles se termine par une oreille de fixation. De part et d'autre il possède un système de fourreaux et de broches filetées. Quand le matériel est mis en batterie sur la trémie, ces broches se calent dans les trous ménagés pour elles sur la trémie. Le cadre fixe est alors verrouillé sur la trémie. L'indication d'un verrouillage correct du cadre fixe sur la trémie est donnée automatiquement par deux voyants blancs, l'un à droite, l'autre à gauche, exactement au-dessus des trous des broches supérieures.
Ils'effectue par rotation du cadre mobile sur ses tourillons donc de la bouche à feu. Cette manœuvre est commandée par un volant horizontal relié à un arbre vertical puis à deux pignons, à une vis sans fin et un secteur denté solidaire du cadre mobile. Une plaquette graduée de 0 à 500 décigrades enregistre le mouvement en direction.
Ils'effectue par rotation de la masse oscillante autour des tourillons du cadre mobile. Il est commandé par un volant vertical relié à un couple de pignons en prise sur le secteur denté de pointage en hauteur. Une plaquette enregistre le déplacement compris entre moins 170 et plus 110 décigrades, soit en gros de -15° à +12°.
Sur cette vue de l'arrière du matériel on peut voir clairement (1 ) le chariot de roulement à galets, (2) les indicateurs à voyant de verrouillage du cadre fixe, (3) le cadre interne de la trémie, (4) en noir les fourreaux des broches de verrouillage (à remarquer, au bas de la broche de droite la clé de sécurité dont on retrouve l'équivalent sur la culasse), (5) le cylindre de l'équilibreur, (6) la culasse et sa manivelle de manœuvre. Sur la gauche du canon se voient bien (7) les deux volants de pointage et l'oculaire de la lunette de visée ainsi que, (8) attenante au carter en forme de boule, la réglette graduée d'indication de pointage en direction. De part et d'autre du cadre fixe, les boutons cannelés (en gris) des vis de calage du cadre fixe de cette vue du prototype ont été remplacés sur les fabrications par une simple barrette. Ces vis sont destinées à assurer le blocage de l'ensemble dans la trémie. (Dessins de Fritz Lerch, doc. de l’auteur).
Les mécanismes de mise de feu et de sécurité
La commande de mise de feu est assurée par la détente, un levier placé sur la poignée du volant de pointage en hauteur. Ce levier est relié au percuteur de la culasse par un système d'arbres, de leviers et de renvois.
Les mises de feu prématurées ou intempestives sont rendues impossibles par les sécurités :
Il existe en outre sur le matériel deux serrures de sécurité avec une seule clé :
En position de tir, la clé reste sur la serrure de culasse et permet son fonctionnement. En position d'effacement, la clé reste sur le cadre fixe et ne peut être retirée qu'après la mise en place du matériel et verrouillage des broches de droite.
C'est une lunette coudée qui permet le tir à vue directe. Elle est fixée sur la gauche du manchon-glissière. Sa partie avant est protégée par le blindage qui coiffe le manchon-glissière. D'arrière en avant elle comprend :
Son champ est de 207 décigrades, son grossissement de 2,5 et son poids de 5,460 kg.
Il est installé sur deux rails (des profilés en I) scellés aux parois de la chambre de tir et entre lesquels il circule. Il comprend
L'ensemble matériel-pivot de suspension permet une orientation quelconque de la masse oscillante (pour un encombrement minimal en position effacée). L'écrou et le ressort de suspension permettent un réglage de la distance entre le bi-rail et le cadre fixe.
Le dispositif d'évacuation des douilles
Il comprend
L'entonnoir de réception des douilles se déplaçant avec la masse oscillante (à laquelle il est lié par la barre support coulissante) son ouverture se trouve en permanence dans l'axe de la bouche à feu quelle que soit l'inclinaison ou l'orientation de celle-ci.
Sur la goulotte d'évacuation (munie d'un clapet évitant le retour des gaz) se greffe le raccord télescopique d'évacuation des étuis de 7,5 du jumelage.
C'est un cylindre renfermant deux ressorts à boudin et un piston. Il est fixé au côté droit du matériel, à une extrémité par un support à la partie inférieure du cadre mobile, à l'autre extrémité à la partie arrière du manchon-glissière. L'équilibreur est destiné à faciliter le mouvement de pointage en hauteur de la masse oscillante, son poids étant supérieur vers l'avant.
Cette vue en élévation du canon en batterie dans son créneau montre, entre autres, la trémie n° 4 en section (en rouge) ainsi que l'entonnoir à douilles avec ses positions extrêmes selon l'inclinaison de la masse oscillante. On remarque aussi, greffé sur le conduit d'évacuation des douilles vers l'extérieur, le raccord télescopique d'évacuation des étuis de 7,5 du jumelage (non représenté ici). (Dessin de Fritz Lerch, doc. de l’auteur).
Vue en perspective de la trémie n° 4. Toutes les surfaces qui apparaissent ici en gris sont normalement noyées dans le béton. À l'arrière de la trémie se voient également les deux petits dispositifs indicateurs de verrouillage du canon sur la trémie (flèches bleues). Normalement le voyant blanc visible indique le verrouillage correct du cadre fixe du canon. On devine aussi dans le fond de la trémie l'une des deux petites cupules (flèche rouge) destinées à recevoir l'axe de pivotement des volets blindés de protection (non représentés ici). (Dessin de Fritz Lerch, doc. de l’auteur).
Il comprend troishommes :
En cas de crise il est fait appel à un 4e servant.
La manipulation du matériel par un peloton entraîné ne pose aucune difficulté particulière, que ce soit pour sa mise en batterie ou en position effacée. Le matériel se déplaçant presque sans effort sous son bi-rail, l'opération ne prend que quelques instants. Il est cependant essentiel de verrouiller soigneusement le cadre fixe dans la trémie.
En revanche, si le 47 est associé à un jumelage, ce qui est presque toujours le cas, la permutation des deux matériels laisse le créneau commun ouvert pendant ces quelques instants, ce qui n'est pas sans risque. Deux volets blindés pivotant sur leur seul poids étaient cependant prévus pour être logés dans le fond extérieur de la trémie n° 4 (voir les deux évidements réservés pour leur pivot) mais il ne semble pas qu'ils aient été livrés en quantité.
En principe, la pièce est continuellement en batterie pendant le jour. De nuit (ou de jour selon les circonstances, réparation, etc.) elle est retirée à sa position d'effacement et remplacée par le jumelage.
Au commandement du chef de chambre de tir :
" Placez le canon "
le chargeur
– déverrouille la butée d'arrêt du chariot de roulement de la pièce,
– oriente la bouche à feu vers le créneau,
– se place en arrière et à droite du matériel;
l'aide-chargeur
– retire, s'il y a lieu, le jumelage du créneau,
– se place en arrière et à gauche du matériel;
le chef de pièce
– se place en arrière du matériel et s'assure de sa bonne orientation.
Au commandement du chef de pièce :
" À bras "
le chargeur applique la main gauche à l'équilibreur et la main droite à la barrette de fourreau de broche droite. L'aide-chargeur applique la main droite au carter de pointage en hauteur et la main gauche à la barrette de fourreau de broche gauche.
Au commandement :
" Ferme "
le chargeur et l'aide-chargeur
Le chargeur verrouille la serrure de sécurité du cadre fixe et déverrouille celle de la culasse. L'aide-chargeur met en place le dispositif d'évacuation des douilles. Le chef de pièce vérifie les opérations et place, s'il y a lieu, la lunette de pointage.
Au commandement du chef de chambre de tir :
" Dispositions d'alerte "
– le pointeur-tireur arme la pièce
– le chargeur ouvre la culasse
– le pourvoyeur ouvre le casier à munitions.
Ces opérations terminées, les servants se placent de la façon suivante :
– le tireur à gauche de la pièce, les mains sur le volant de pointage, l'œil à l'oculaire,
– le chargeur à droite de la pièce,
– l'aide-chargeur derrière la pièce et face au casier à munitions,
– le pourvoyeur à proximité du casier à munitions.
Les commandements sont donnés par le chef de chambre de tir, lorsque ce dernier peut observer l'objectif et lorsque la nécessité d'agir vite ne s'y oppose pas. Dans le cas contraire, les différentes opérations sont effectuées à l'initiative du chef de pièce et pointeur-tireur.
Aux commandements :
" Hausse ...., tant,
Dérive ...., tant. "
le pointeur-tireur fait marquer la hausse, le chargeur fait marquer la dérive, l'artificier-pourvoyeur prépare un projectile.
Aux commandements :
" Objectif .... tel char ou tel point ..... "
" Commencez le feu."
le pointeur-tireur regarde l'objectif, annonce " Vu " et pointe. L'artificier-pourvoyeur passe une cartouche à l'aide-chargeur et en prépare une nouvelle. L'aide-chargeur introduit la cartouche. Le chargeur ferme la culasse, actionne son mécanisme de sécurité et annonce " Prêt ". Le pointeur-tireur achève de pointer, fait partir le coup et observe l'arrivée du projectile.
Dès que la bouche à feu est revenue en batterie :
Les servants, aidés le cas échéant par l'armurier-mécanicien, s'efforcent de remettre le canon en état de tirer sans l'enlever du créneau. En cas d'impossibilité, ils le remplacent par le jumelage si les circonstances le permettent. Si l'incident ne peut être réglé, le chef de chambre de tir rend compte aussitôt au chef de bloc ou de casemate qui fait appel à l'équipe de réparation.
Interruption et reprise du tir
Au commandement :
" Halte au feu "
le pointeur-tireur continue d'observer, le chargeur et l'aide-chargeur rechargent l'arme, s'il y a lieu.
Au commandement :
" Continuez le feu "
le chargeur manœuvre sa sécurité, annonce " Prêt " et le tir est repris avec les mêmes éléments, si aucun autre commandement n'a été énoncé.
Aux commandements :
" Cessez le feu "
" En surveillance ... " ou
" En position d'attente "
le chargeur ouvre la culasse, retire s'il y a lieu avec l'aide-chargeur la cartouche restée dans la chambre, referme la culasse. Le pointeur-tireur désarme la pièce en retenant le marteau de percussion et la met, suivant l'ordre donné, soit en surveillance, soit en position d'attente.
L'inspection du matériel est passée par le chef de chambre de tir. Ce gradé fait ouvrir la culasse et s'assure que l'âme du canon est entièrement libre. Il fait éventuellement assurer le nettoyage du matériel.
Au commandement du chef de chambre de tir :
" Retirez le canon "
le chargeur verrouille la serrure de sécurité de la culasse et déverrouille celle du cadre fixe. L'aide-chargeur enlève le dispositif d'évacuation des douilles. Les deux servants desserrent les vis de calage et effacent les broches placées à leur côté.
Au commandement du chef de pièce :
" À bras "
le chargeur et l'aide-chargeur, prenant appui avec le pied contre le mur de la chambre de tir de part et d'autre du créneau, s'arc-boutent, l'un à l'équilibreur, l'autre au mécanisme de pointage en hauteur.
Au commandement du chef de pièce :
" Ferme "
le chargeur et l'aide-chargeur tirent le matériel à l'intérieur de la chambre de tir, l'orientent et le verrouillent suivant la position la moins gênante pour le service.
Vue d'ensemble des deux "matériels", canon de 47 à droite, jumelage de mitrailleuses à gauche, qui alternent dans le même créneau. Le jumelage est tenu et relié à la trémie par un volet blindé intermédiaire (en kaki sur cette planche). Quand le canon est en position effacée et est remplacé par le jumelage, ce volet s'engage dans la trémie et demeure verrouillé par le cadre fixe du jumelage. Celui-ci peut être fixé aussi bien à droite qu'à gauche du canon. (Dessin de Fritz Lerch, doc. de l’auteur).
Le même ensemble vu de l'avant. On voit bien la face interne du volet intermédiaire (en blanc) du jumelage. On remarque aussi sur le canon (en kaki), coiffant le manchon-glissière, le blindage de protection de la lunette de visée et du frein de tir. (Dessin de Fritz Lerch, doc. de l’auteur).
Matériel de 47
Matériel de 37
En 1940, le canon de 47 Mle 34 était l'un des plus puissants canons antichars du moment. Rares cependant sont les canons de 47 (et de 37) qui ont eu à entrer en action contre un assaut de chars. Dans le Nord et le Secteur fortifié de l'Escaut, l'ouvrage d'Eth aurait ouvert le feu et détruit au 47 une automitrailleuse allemande. Attaqué dès le 18 mai 1940, l'ouvrage de Boussois, dans le Secteur fortifié de Maubeuge, a tiré au 47 des blocs 1 et 3 quelques 160 obus. Dans le SF de Haguenau, l'une des casemates d'Aschbach aurait tiré au 47 contre des avions ennemis volant bas.
On connaît surtout le cas célèbre du combat victorieux de la casemate d'Oberroedern-Nord, dans le Secteur fortifié de Haguenau, contre un assaut d'infanterie allemand en juin 1940, brisé avec de lourdes pertes chez l'ennemi à la fois par l'effet dévastateur et des mitrailleuses et du canon de 47.
Durant l'Occupation, alors qu'ils réemploient des centaines de canons de 75 et 155 mobiles sur le Mur de l'Atlantique, les Allemands ne s'intéressent pas au 47 de forteresse et lui préfèrent l'arme mixte tchèque de 4,7 cm (canon AC + mitrailleuse de 7,9 mm sur un même affût) #9Que l'on retrouvera en grand nombre dans des blockhaus spécialisés, entre autres sur la Ligne Siegfried et le Mur de l'Atlantique de la frontière espagnole au nord de la Norvège. À l'origine ces canons de 47 (ou 4,7 cm Fest.Pak 36(t) pour les Allemands) avaient été construits par Skoda pour les fortifications tchèques conçues à l'instar de la Ligne Maginot avec le conseil d'officiers français du Génie. . La plupart des canons de 47 et 37 demeurent donc à leur poste pendant la durée de la guerre et même après. La Guerre froide entraîne, on le sait, une réactivation de la Ligne Maginot entre 1950 et 1955. Il est proposé de remplacer les canons de 47, devenus obsolètes, par des pièces de 90 puis de 105 mais ce projet reste lettre morte. À partir de 1970 la plupart des petits ouvrages, casemates et abris de la Ligne Maginot sont déclassés et mis en vente. il semble que c'est alors que la majorité des canons de 47 et 37 disparaissent, ferraillés #10Seule une dizaine d'exemplaires a survécu, certains ayant été retrouvés dans les décombres des casemates dynamitées par les Allemands au début de 1945 avant leur retraite. .
De nos jours, les derniers canons...
Canons de 47 Mle 34
Du nord au sud :
|
|
||
Total | 13 |
Canons de 37 Mle 34
|
|
||
Total | 5 |
Photos
Photo bien connue, extraite d'un livre d'origine tchèque de 1942, montrant la mise en batterie d'un canon de 47, le créneau restant pendant un bref moment dangereusement ouvert. Cette vue a probablement été prise dans la chambre de tir du bloc 1 de l'ouvrage de Schoenenbourg.
Marckolsheim – L'un des premiers canons de 47 réapparus dans les années 1970 après les ventes d'ouvrages a été celui de la casemate 35/3 Marckolsheim-Sud, mémorial des combats de juin 1940 sur le front du Rhin.
Schiesseck – Dans les années 1970-1980 un 47 est demeuré longtemps entreposé dans l'entrée des munitions de l'ouvrage du Schiesseck, proche de Bitche en Moselle. Il aurait pris ensuite la direction des Alpes Maritimes.
Hochwald – L'entrée des munitions de l'ouvrage du Hochwald a abrité pendant les années 1970 à 1990 un canon de 47 complet et en bon état, originaire du Simserhof où il avait été échangé contre un mortier de 81 par les soins du capitaine Lebreton et de Pierre Jost. Sur cette vue certaines pièces précieuses des systèmes de pointage ont été démontées et mises à l'abri par précaution. On remarque sur la gauche le jumelage effacé et en place dans son volet intermédiaire.
Fermont – La (trop) vaste embrasure du 47 de l'entrée des munitions de l'ouvrage (Francis Novelli).
Simserhof – Le canon de 47 de l'entrée des munitions tel qu'en 1979 (Michel Mansuy).
Simserhof – Vu dans les années 1990 au bloc 1 de l'ouvrage du Simserhof, ce canon de 47 numéroté 4 a émigré sous d'autres voûtes bétonnées aujourd'hui. À la même époque un canon de 37 demeurait aussi au bloc 3. Actuellement trois autres canons subsistent dans les deux blocs d'entrée.
Simserhof – Deux vues du 47 de l'entrée des munitions du Simserhof à l'heure actuelle. Il porte le n° de fabrication 386 APX 1939 (Guillaume Koenig).
Rohrbach (fort Casso) – Belle vue d'ensemble de l'armement d'une chambre de tir de l'ouvrage de Rohrbach, également connu sous le nom de Fort Casso. À gauche, le 47 engagé et verrouillé dans son créneau, à droite les deux jumelages, l'un en position effacée, l'autre verrouillé dans le 2e créneau et en partie caché par le précédent (Florian Dannenhoffer).
Rorhbach (fort Casso) – Gros plan sur le volant de pointage en hauteur et sa poignée de manœuvre sur laquelle on voit bien le levier de mise de feu. On remarque aussi l'arc denté et gradué du pointage en hauteur. L'axe vertical noir appartient par contre au pointage en direction (Florian Dannenhoffer).
Fressinéa – Le canon de 47 n° 222 de nos jours dans l'ouvrage de Fressinéa (Alpes Maritimes), le seul exemplaire visible dans les Alpes (Dorian Souliès).
Fressinéa – La forme inhabituelle du créneau du 47 correspond en fait au profil du champ de tir, en l'occurrence la section de la vallée de la Tinée en amont de l'ouvrage (Dorian Souliès).
Schoenenbourg – Le 47 du bloc 7, l'entrée des munitions du fort de Schoenenbourg, dans son créneau.
Schoenenbourg – En position effacée dans sa chambre de tir, le même 47 tel que peuvent le voir les milliers de visiteurs de l'ouvrage. À gauche, alternant avec le 47, le jumelage est engagé dans le créneau commun tandis que sur le mur du fond se voit une réserve de "camemberts", des chargeurs de 150 cartouches de 7,5 mm (Jean-Marc Birsinger, AALMA).
Schoenenbourg – Gros plan sur le côté gauche du canon du fort de Schoenenbourg où se regroupent les appareils de visée et de pointage (Jean-Marc Birsinger, AALMA).
Schoenenbourg – Gros plan sur le manchon de culasse et la culasse. On remarque à la base du manchon la manette de sécurité du chargeur qui assure la fermeture et le verrouillage de la culasse et permet la mise de feu (Jean-Marc Birsinger, AALMA).
La Ferté – Resté en l'état depuis les évènements de 1940, le canon de 47 de cet ouvrage martyr vu ici dans les années 1970 avant restauration complète du canon et de la chambre de tir (Michel Mansuy).
La Ferté – Deux très belles photos de la chambre de tir restaurée du bloc 1 de l'ouvrage de La Ferté (Ardennes) avec son canon de 47 et ses deux jumelages (Frédéric Lisch).
La Ferté – Gros plan sur la culasse ouverte. On peut remarquer, entre autres, l'entrée ronde de la serrure de sécurité, clé absente ici (Francis Novelli).
La Ferté – Vue d'ensemble de la chambre de tir du 47 et des jumelages, canon en batterie dans son créneau. Sur le mur du fond, une lampe de secours carrée à pétrole et des exemples de munitions de 47 et de 25. Sur la droite, en exposition, une arme mixte (canon de 25 associé à deux mitrailleuses de 7,5) telle qu'elle existait en tourelle et sous cloches dans l'ouvrage (Francis Novelli).
La Ferté – L'embrasure du 47 au bloc 1 de l'ouvrage (Michel Mansuy).
Grand Lot – Belle vue d'ensemble du canon de 47, soigneusement restauré, de la casemate du Grand Lot (Moselle) (Daniel Boudrenghien).
Grand Lot – Vue de ¾ arrière gauche du même canon sur laquelle on voit parfaitement la culasse ouverte avec une cartouche engagée, l'entonnoir à douilles et les deux goulottes d'évacuation des douilles de 47 et des étuis de 7,5 mm, ainsi que le cadre intermédiaire du jumelage. On peut aussi remarquer les deux voyants rouges indiquant le verrouillage du cadre fixe du canon sur la trémie. Sur le manchon de culasse est posé un niveau d'artillerie. Enfin, un mince tuyau souple branché sur une pompe à huile permet le parage du frein de recul (Daniel Boudrenghien).
Grand Lot – Plan rapproché sur les appareils de pointage et la lunette de visée, en parfait état (Daniel Boudrenghien).
Grand Lot – Bel ensemble des matériels regroupés. Sous le jumelage se remarque, fixée au mur, la pompe de parage du frein de recul, un accessoire rarissime de nos jours (Francis Novelli).
Documentation
Remerciements
* Les photos sans mention d'origine sont de l'auteur.