Editorial
TRENTE ANS
Eh oui ! Trente ans ont passé depuis que les fondateurs de notre association concrétisèrent ce qui n'était alors qu'un sentiment à la fois diffus car ne sachant pas par quel bout commencer, mais doublé d'une certitude : il fallait à tout prix sauvegarder la ligne Maginot et particulièrement le fort de Schoenenbourg, témoin de l'histoire militaire de la France et de l'Alsace.
A partir de là, un ensemble d'énergies se mobilisa et nombre de personnes passèrent à l'action. Ainsi, au fil des ans, des générations de bénévoles produisirent miracle sur miracle : la concession de l'ouvrage, l'accueil des premiers visiteurs, le nettoyage et la mise en éclairage du fort, la remise en marche des ascenseurs, les récupérations de matériels, l'assèchement spectaculaire de l'ouvrage, les restaurations successives des éléments techniques du fort, les premiers tours de roues du train électrique, les fructueuses campagnes de peinture, les premières embauches de personnels salariés, le nombre croissant de visiteurs, le cap du changement de propriétaire et, dans les mois qui vont venir, la reconnaissance du corps institutionnel par le financement d'une mise aux normes dont personne ne pouvait soupçonner l'envergure il y a trente ans.
Tous ces efforts et toutes ces actions en usèrent plus d'un. Certaines bonnes volontés s'effondrèrent au bout de quelques mois. D'autres durèrent plusieurs années, voire plusieurs décennies. Des générations de jeunes gens firent à la fois leur apprentissage des faits historiques, du développement de la fortification, de l'histoire de la ligne Maginot, mais aussi l'acquisition de la notion d'effort, des techniques, des travaux manuels, du plaisir de savoir le matériel enfin sauvegardé, du travail de groupe, bref, de la vie.
Beaucoup nous quittèrent pour fonder une famille, changer de région, entrer dans une vie professionnelle peu compatible avec une passion dévoreuse de temps et d'énergie, cette dernière allant quelquefois jusqu'à favoriser des divorces. D'autres plus âgés, minés par le poids des années et les défaillances de santé se mirent en retrait. Puis vint le temps des premiers décès. Des membres éminents partirent, hélas sans billet de retour.
Il y eut bien sûr des successeurs, motivés, entreprenants, qui apportèrent du sang neuf, mais ils se firent plus rares au fil des ans car le bénévolat avait perdu de sa vigueur, principalement celui de longue durée.
Mais certains tinrent le coup, s'accrochèrent, prirent des responsabilités, devinrent des gestionnaires, des animateurs, des négociateurs, des experts dans des domaines aussi divers que la sauvegarde et la valorisation du patrimoine que des relations sociales et humaines.
Et quelle fut leur récompense au bout de toutes ces années d'engagement, hormis leur satisfaction de savoir qu'ils auront été utiles pour la connaissance des générations futures ? Quelle récompense, par exemple, pour notre ami Joseph, seul membre fondateur de l'association encore en activité au bout de trente ans de dévouement ? Posez-vous la question !
La réponse est "rien", hormis quelques compliments lors de cérémonies ou de commémorations. Que restera-t-il de concret à montrer à ses arrière-petits-enfants de ces trente années d'abnégation ? Pas même une médaille !
Et c'est aussi là que le bât blesse. Alors que tel chanteur, tel sportif, tel dirigeant souvent grassement payé se voit attribuer la Légion d'honneur ou une autre décoration, il n'existe pas de médaille pour trente années au service du devoir de mémoire. Ne pourrait-on imaginer que des personnes comme Joseph soient distinguées automatiquement par une médaille adéquate créée par une institution nationale, régionale, voire départementale ?
Mais revenons à l'AALMA, devenue adulte au bout de ses trente ans. Au fait, à l'attention de ceux qui se demandent s'il y aura des festivités pour un tel événement, la réponse est malheureusement non. Les raisons sont diverses, mais la principale est que votre équipe dirigeante a d'autres soucis, notamment la gestion de la très conséquente mise en sécurité du fort qui nécessitera cinq mois de fermeture totale de l'ouvrage et qui occasionnera une perte de clientèle sans doute importante, mais aussi une dépense (part de subvention à charge de l'AALMA et perte d'exploitation) estimée à 140 000 euros. Cela vous enlève quelque peu l'envie de festoyer.
Bref, dans un an, selon une expression à la mode, les caisses seront vides et nos économies auront fondu. Il faudra alors remonter la pente et cela sera un nouveau challenge, un de plus !
Mais pour cela, trente ans d'expérience, ça aide.
Jean-Louis Burtscher
LA VIE DE L'ASSOCIATION
Le 13 janvier, un groupe de 70 personnes dont 45 conseillers généraux juniors du département du Gers ont visité le fort. Banal, direz-vous, sauf que ces derniers ont déjeuné à 24 mètres sous terre, dans la gare arrière. Au menu, une délicieuse soupe aux pois et aux saucisses dont ils garderont certainement un agréable souvenir.
Le 6 février, sur le terre-plein de notre ouvrage, un détachement de jeunes recrues du 1er régiment d'hélicoptères de combat de la base de Phalsbourg s'est fait remettre la fourragère qui consacre la fin de la formation militaire initiale. Suivit la visite de l'ouvrage, où ces soldats des temps présents purent juger de ce que vécurent leurs prédécesseurs à soixante neuf années de distance.
Le 9 février, les membres actifs et employés de notre association, accompagnés de membres de leur famille ou d'amis, visitèrent le centre de surveillance aérienne de la base 901 de Drachenbronn. Installé dans la partie arrière de l'ouvrage de la ligne Maginot du Hochwald, le centre de détection et de contrôle avait été modernisé il y a peu de temps et mis aux standards les plus récents. Une visite fort instructive, qui ravit tout le monde, d'autant plus que plusieurs de nos membres qui sont actifs ou réservistes à la base s'étaient personnellement impliqués. Merci à l'armée de l'air pour son accueil et les efforts déployés pour répondre à notre curiosité.
Toujours en février, piloté par notre président, un journaliste biélorusse a effectué des prises de vues du fort dans le cadre d'un reportage qui sera diffusé sur une chaîne de télévision de ce pays.
Le samedi 3 mai, une délégation de l'AALMA a assisté à l'assemblée générale de la fédération des associations de sauvegarde de la fortification qui s'est déroulée au fort Frère, à Strasbourg. L'association qui a pris en charge ce fort avait demandé son adhésion à la fédération ; il était donc opportun pour cette équipe de présenter l'ouvrage et ce qui y a été réalisé. Pour nos membres peu connaisseurs de l'Alsace et de son histoire, rappelons que le fort Frère, appelé à l'origine "Grossherzog von Baden" car construit par les Allemands en 1874 alors que l'Alsace était sous domination de ces derniers. Une magnifique construction, aux façades ouvragées en grès des Vosges, que l'on peut comparer à nos forts Séré de Rivières non modernisés.
Les 10, 11 et 12 mai avaient été décrétés "journées de la mémoire" sous l'impulsion de la Région Alsace. L'équipe du Mémorial de l'Alsace-Moselle avait été chargée d'assurer à grande échelle la promotion de vingt lieux de mémoire rappelant l'histoire militaire de notre région dont le Centre européen du résistant déporté (camp du Struthof), le mémorial du Linge (combats de 1915 dans les Vosges), les forts Frère et de Mutzig, etc, et bien entendu les différents sites de la ligne Maginot.
Plusieurs médias en avaient fait l'écho, 100 000 brochures furent imprimées et distribuées et un jeu-concours organisé. Il avait été demandé aux gestionnaires des lieux de mémoire d'organiser des manifestations exceptionnelles. Certains firent appel à des reconstituants. Nous choisîmes de faire visiter un endroit où le public n'avait pas accès, c'est-à-dire la partie inférieure du bloc 6.
Le bloc n° 6 était le seul où étaient encore visibles les conséquences des bombardements de juin 1940. Sous l'effet combiné des bombes de gros calibre et de l'impact d'un obus de 420 qui percuta la dalle de toiture, le bloc s'était affaissé d'environ sept centimètres en s'enfonçant dans le sol meuble. Une cassure se produisit à la jonction du couloir de desserte et du pied de l'escalier. Une grosse fissure se produisit à partir de là pour ensuite se propager sur un pan de mur et se prolonger sur plusieurs mètres dans la voûte de la galerie d'accès.
L'objectif sera de commenter les bombardements et leurs effets et de montrer la fissure aux visiteurs. Et pour que ces derniers puissent se mettre quelque peu dans l'ambiance de l'époque, nos bénévoles réalisèrent une exposition à caractère permanent sous la forme de trois panneaux comportant des photographies de 1940 montrant les trous de bombes, les paysages bouleversés, les attaques aériennes, les tirs du mortier de 420 mm.
Pratiquement tous les visiteurs de ces trois jours firent le détour par l'exposition et bénéficièrent des commentaires, tous furent attentifs et surtout ravis. Au final, ces journées des lieux de mémoire furent largement bénéfiques pour notre image de marque.
Début juin, nous parvenait un morceau original d'antenne radio d'ouvrage. Rares étaient ceux qui avaient déjà vu ce genre de matériel d'époque qui disparut rapidement des façades des blocs qui en étaient équipés car étant entièrement en cuivre. Le donateur est Michel Truttmann, fils du défunt colonel Philippe Truttmann. Merci à lui.
Le 22 juin, une équipe cynophile a parcouru notre ouvrage avec des chiens spécialement formés pour la recherche de personnes ensevelies, par exemple sous des décombres. Le but était de tester la capacité d'adaptation des chiens à s'adapter à un milieu souterrain.
Le 29 juin, s'est déroulé le second conseil d'administration de l'année.
TRAVAUX AU FORT DE SCHOENENBOURG
A l'arrière
Entamée en automne 2007 une importante campagne de peinture se poursuivit jusqu'en mars 2008. C'est le couloir de desserte de la partie arrière (celui qui sépare la caserne de la cuisine) qui en fut le bénéficiaire. Ainsi toute la section entre l'entrée de l'infirmerie et le carrefour usine/entrée des hommes sera totalement rénovée : les murs, les voûtes, les tuyaux, les câbles, les huisseries, Un travail de grande envergure qui dura plusieurs mois.
Mais il manquait encore le tronçon de la galerie allant du carrefour de l'entrée des hommes à l'entrée de l'usine. Nos peintres qui n'allaient pas s'arrêter en si bon chemin s'y attaquèrent dans la foulée. Là, c'était un peu plus compliqué par la présence de nombreux câbles électriques présents à l'amorce de la voûte. Il fallut enlever tout le vieil enrobage bitumeux qui s'effritait et tombait régulièrement. Mais là aussi, nos peintres en vinrent à bout, allant jusqu'à rénover le socle du couloir menant à la salle des machines.
Le résultat fut à la hauteur de nos espérances, c'est-à-dire fameux. D'ailleurs, on peut même affirmer qu'avec cette opération, notre association a réussi à faire ce qu'aucune autre n'avait fait à ce jour, soit rénover l'intégralité (sauf quelques locaux non visités ou servant de dépôt) de la partie arrière du fort.
La chapelle
Toujours dans le secteur arrière, à proximité de la cuisine, se trouvait un petit local isolé, en cul de sac, qui n'avait apparemment eu aucune affectation précise. Perpendiculaire à la galerie, sa forme faisait d'entrée penser à un petit lieu de prières, bref à une chapelle.
Dès qu' il a été repeint, décision fut prise de l'aménager véritablement en chapelle. Des tabourets furent installés et un crucifix accroché contre le mur du fond, sous l'arrondi de la voûte. Une de nos employées, artiste peintre à ses moments perdus, peignit deux apôtres, chacun de part et d'autre du crucifix. Le tout fut une parfaite réussite, d'ailleurs beaucoup photographiée par les visiteurs.
Rappelons qu'il existe dans la ligne Maginot quelques exemples de lieux de culte décorés à l'aide de motifs religieux, dont le plus célèbre est sans doute celui du magasin M1 de l'ouvrage de Soetrich. Ailleurs, par exemple à Strasbourg, un local du fort Frère avait été entièrement peint en trompe-l'œil par les personnels du PC du 172e RIF pour le faire ressembler à une chapelle. C'était tellement réussi qu'il fut même inauguré, peu avant le déclenchement des hostilités entre la France et l'Allemagne, par monseigneur Ruch, alors évêque de Strasbourg.
A la cuisine
La cuisine était le dernier endroit du fort où l'éclairage électrique était encore partiellement d'origine, notamment les hublots lumineux. La commission de sécurité ayant rejeté toute réutilisation des boîtes de dérivation et des hublots d'origine, l'installation a été démontée et entièrement remplacée par des matériels similaires, mais aux normes.
A la caserne
Les mêmes spécialistes en matière de sécurité exigèrent l'enlèvement des 36 matelas équipant les châlits de la chambre de troupe qui avait été remise en l'état de 1940. Bien que ce local fut fermé à clé (une vitre intégrée à la porte permet de voir l'intérieur), donc hors de tout risque d'incendie provoqué, cet état de fait fut jugé comme trop dangereux car des matelas enflammés émettent énormément de fumée.
Ces derniers furent donc mis à la décharge.
Dans la galerie
Nos mécaniciens ont rénové une grande partie des commandes d'aiguillages de la voie de 60 cm. Celle de la gare de l'entrée basse et de la gare arrière. La tringlerie a été remplacée et les pointes d'aiguillages réajustées. Une bonne chose de faite.
Toujours dans la galerie principale
Le canon de 47 mm de marine exposé dans le coude de la grande galerie a bénéficié de mesures de consolidation et a été, du coup, repeint à neuf.
Dans l'entrée des munitions
En prévision des futurs aménagements des puits de descente de l'entrée des munitions, le tableau de distribution, ainsi que plusieurs circuits électriques en rapport, ont été changés et remplacés par une installation plus élaborée. Plusieurs séances de travail furent nécessaires à nos spécialistes, seuls compétents pour ces travaux de haute technicité.
Au bloc 3
La restauration et la préservation de la plate-forme et de son importante sous-structure entourant le contrepoids de la tourelle du bloc 3 sont achevées après plusieurs mois de travaux.
Au bloc 4
L'aménagement de la plate-forme pour une arme mixte est désormais achevé. L'ensemble, comportant la plate-forme, l'arceau supportant l'affût de l'arme (un canon de 25 mm et deux mitrailleuses Reibel) at été entièrement repeint. Le canon était toujours en place dans l'affût, mais point de mitrailleuses. Aussi, cerise sur le gâteau, notre mécanicien a fabriqué deux fausses mitrailleuses qui, quand on n'a pas le nez dessus, ressemblent bougrement à des vraies. La classe !
Le tout a vraiment belle figure, même si l'affût est quelque peu détérioré par un explosion, heureusement du côté où le public n'a pas accès. Un panneau didactique explique, en trois langues, l'origine et les secteurs d'installation de cette arme (nord et nouveaux fronts).
Auparavant, notre spécialiste avait déjà fabriqué deux belles répliques de mitrailleuses MAC 31 Reibel qui garnissent un affût de jumelage de cloche visible dans l'exposition "Armements et cuirassements" du bloc 3.
Entre le bloc 3 et le bloc 4
Une importante campagne de rénovation de la galerie principale, entre la sous-station des avants et la sortie du bloc 3 est en cours depuis un moment. Un coup de blanc a considérablement rafraîchi l'endroit. Murs et voûtes semblent avoir rajeuni. L'ensemble des câbles électriques et téléphoniques a été débarrassé des gainages bitumeux devenus friables au fil des ans et tombant constamment au sol. Au total des centaines de mètres de ces conduits ont été soigneusement nettoyés et repeints.
Au bloc 6
Un chantier très technique a longtemps mobilisé nos spécialistes. Il s'agit de la remise en service de l'issue de secours qui se trouve au haut du bloc. Les instances de sécurité avaient souhaité que, malgré le futur aménagement du bloc 1 en issue de secours, il y ait dès à présent un accès possible, depuis l'extérieur, aux secours qui ne pourraient progresser dans la galerie principale suite à un sinistre.
Le bloc 6 se prêtant à cette exigence, nos techniciens ont commencé par rendre fonctionnelles la grille donnant sur le fossé, qui avait été soudée il y a près de vingt ans pour éviter les intrusions indésirables, ainsi que la porte blindée qui n'avait pas été ouverte depuis lors. Des serrures avec un haut degré de sécurité ont été mises en place sur les trois ouvertures qui donnent accès à l'intérieur du bloc qui pourra également faire office de sortie de secours.
Dans la foulée, le fossé diamant a été consciencieusement vidé et nettoyé. Sur le bord du fossé, une rambarde neuve a remplacé l'ancienne. Une échelle métallique donnant sur une trappe sécurisée permettra de sortir du fossé.
Un gros chantier de métallerie et de serrurerie, mené dans des conditions souvent difficiles car ces anciennes issues sont exiguës, mais nécessaires car les impératifs sécuritaires sont aujourd'hui incontournables.
Au dehors
La façade du bloc d'entrée des munitions a été passée au nettoyeur haute pression. Ce n'était pas superflu, loin de là. Celle de l'entrée des hommes a subi la même cure de jouvence. Les haies et les rosiers ont été taillés, les gravillons ratissés, le gazon tondu, bref un entretien répétitif mais ô combien nécessaire.
AILLEURS
- L'ouvrage du Cap Martin est désormais visitable. Située près de Menton, sur la commune de Roquebrune, la forteresse est composée de trois blocs, dont un a été sévèrement endommagé par les Allemands durant l'occupation. L'ouvrage a été le témoin de durs combats opposant Français et Italiens. Il a permis d'endiguer l'avance italienne grâce à ses canons, ce qui lui valut d'être pris sérieusement à partie par l'aviation et l'artillerie adverse.
Réservation préalable obligatoire auprès de l'Office de tourisme de Roquebrune Cap Martin.
- L'association qui a pris en charge l'ouvrage du Four à chaux s'est dotée d'un nouveau président. Il s'agit de Vincent Weureuther, qui remplace Gilbert Hoernel, démissionnaire en raison de son âge.
- Grosse animation ce 10 mai 2008 à la casemate Oberroedern-sud, désormais appelée casemate Rieffel, du nom de son commandant et de son équipage qui eurent à subir des attaques meurtrières en juin 1940. Le président de l'AALMO, François Albénésius, accueillit de nombreuses personnalités venues inaugurer ce nouveau lieu de mémoire. Il y eut les inévitables discours, ponctués de remerciements à l'adresse des bénévoles qui se consacrent à la remise en état de la casemate depuis quelques années, puis la coupure du ruban par le fils du lieutenant Rieffel. Notre association était bien entendu représentée à cette digne manifestation.
- Au fort Casso (PO de Rohrbach), l'équipe de bénévoles a, entre autres, totalement rénové la chambre de l'aumônier de l'ouvrage.
- L'équipe ayant pris en charge la casemate de l'Aschenbach, à Uffheim (Haut-Rhin), a réussi à concrétiser son projet de construction d'un musée de 120 mètres-carrés qui sera intégré dans le talus auquel est adossé l'ouvrage. De nombreux objets de collection qui n'ont pu trouver place dans la casemate y seront exposés. Les travaux ont débuté à la mi-mai.
- Moteurs Sulzer
Une petite anecdote sur la robustesse des moteurs diesel Sulzer dont, comme vous le savez, quatre machines de type KD 22 équipent notre ouvrage.
Vers 1936, la marine française fit construire, près de Cherbourg, un vaste dépôt souterrain de carburants devant constituer une réserve stratégique pour ses navires.
Huit immenses réservoirs taillés dans le roc puis bétonnés furent créés, pour un total de 800 millions de litres de carburant, complétés par deux usines électriques dotées de Sulzer de 400 chevaux..
Un témoin raconte : "En 1939, les huit réservoirs étaient remplis de mazout, mais la guerre (donc les Allemands) est vite arrivée. Le personnel reçut l'ordre de faire tourner les moteurs sans huile. Ils ont vidangé les moteurs Sulzer de leur huile et les ont mis en route. Eh bien, ces moteurs ont tourné, sans huile, jusqu'à épuisement des caisses (réservoirs) à gazole. Là, ils se sont arrêtés, mais ils ont bien tourné 48 heures sans huile de graissage… Les Allemands sont arrivés. Ils ont remis de l'huile et zou, c'est reparti. Pour de bons moteurs, c'était des bons moteurs…"
Le site de Brécourt, bien que désaffecté, est visitable lors des journées du patrimoine
LIRE
- "Le petit ouvrage du Bois du four, cuirassé du secteur fortifié de la Crusnes" par Michaël Séramour. Un article détaillé sur cet ouvrage qui a connu un spectaculaire renouveau grâce à l'association qui l'a pris en charge il y a quelques années.
A lire dans 39/45 magazine de mars et avril 2008.
- "Chronique des chantiers de la ligne Maginot à Climbach 1930-1934" par Jean-Claude Streicher.
- "Le point d'appui du solitaire (1939-1940) par Gérard Forche.
Deux articles intéressants, rédigés par deux auteurs qui évoquent régulièrement ces thèmes, parus dans l'Outre-Forêt, 141e numéro de la revue du Cercle d'histoire et d'archéologie de l'Alsace du Nord.
- "Journal de Guerre du Hackenberg – Mes deux années dans un ouvrage Maginot".
Rédigé par l'adjudant Lavergne, membre de l'équipage du Hackenberg, ce journal de guerre couvre deux années complètes, entre août 1939 et août 1941. Il dépeint la vie quotidienne au Hackenberg, la drôle de guerre, les combats, les premiers mois de l'occupation allemande.
80 pages et plus de 80 illustrations, au prix de 18 euros.
A commander aux éditions Ysec, BP 405, 27404 Louviers Cedex.
LA COTISATION
Quelques rares adhérents n'ont pas réglé leur cotisation. Armand JACQUES attend leur versement pour que nous puissions mettre à jour notre liste des membres.
Un peu d'Histoire... de l'AALMA
NAISSANCE D'UNE ASSOCIATION,
RENAISSANCE D'UN OUVRAGE
Rares sont encore ceux qui ont véritablement assisté et participé au démarrage et aux premiers pas de notre activité. Pour les autres, rappelons comment a pris naissance l'AALMA et de quelle manière a commencé l'opération Schoenenbourg.
Le fait déterminant qui a fait émerger le Schoenenbourg de l'ombre où il était englouti depuis 1940 est très vraisemblablement la parution en 1975 du second livre de Roger Bruge consacré à la Ligne Maginot, " ON A LIVRE LA LIGNE MAGINOT " aux éditions Fayard. Le chapitre " Grosse Bertha contre Schoenenbourg " met particulièrement en lumière les combats dans le SFH, les tentatives de l'adversaire pour neutraliser les gros ouvrages à l'aide de tous les moyens dont il dispose et surtout la résistance acharnée du Hochwald et du Schoenenbourg, commandés par des chefs énergiques et tenus par des équipages d'élite. Ces faits révélés pour la première fois au grand public remettent en question l'image très péjorative qu'une certaine propagande avait pendant longtemps répandue au sujet de la Ligne Maginot qui, pour bien des gens, restait le symbole sinon la cause principale de la défaite de 1940.
Le 5 octobre 1977, Jean-Bernard et Jérôme Wahl, en route pour une visite du Simserhof, font une halte sur les blocs et les entrées du Schoenenbourg et découvrent un ouvrage apparemment intact et hermétiquement clos. Voulant en savoir plus, ils effectuent une demande de visite auprès du Génie de Metz, démarche répercutée à la Direction des Travaux du Génie (DTG) de Strasbourg.
Fin décembre 1977, la demande est accordée et la visite a lieu en compagnie de l'Adjudant Jan et de M. Kocher de l'Arrondissement des Travaux du Génie (ATG) de Haguenau. C'est une révélation : l'ouvrage est relativement en bon état, le gros oeuvre parfaitement sain, les matériels en place, en particulier ascenseurs, diesels, ventilation, cuisine, chambres de repos, tourelles, encore nombreux.
Deux gros points noirs quand même : depuis l'arrêt des travaux d'entretien en 1968, le calcaire, l'eau et la boue ont envahi galeries, caniveaux et fosses basses d'où une humidité énorme partout, et surtout une bande de ferrailleurs venus d'outre-frontière a réussi à s'introduire en 1976 par l'issue de secours du bloc 1 et a littéralement massacré toutes les installations électriques. Plus de caténaire, une sous-station des blocs en morceaux, tableaux vidés, cellule Haute Tension détruite, câbles arrachés, un vrai désastre. Les auteurs de ces méfaits, qui avaient également opéré au Four à chaux et au Hochwald, auraient été interceptés lors d'un de leurs derniers passages de la frontière puis ultérieurement condamnés, mais cela ne changera plus rien à l'état de l'ouvrage qui restera un grand infirme.
Le bilan pour une action de sauvegarde et de conservation étant quand même largement positif, une entrevue entre J.-B. Wahl et le colonel Bruneau, chef de la DTG de Strasbourg, laisse espérer une attitude bienveillante de la part du Génie envers une telle initiative.
L'étape suivante est la publication dans les Dernières Nouvelle d'Asace du 10 février 1978, sous le titre " SAUVER LA LIGNE MAGINOT : UNE ASSOCIATION VOLE AU SECOURS DES FORTIFICATIONS ALSACIENNES ", d'un article destiné à connaître et à rassembler les éventuels intéressés à un pareil projet. Une vingtaine de réponses font écho à cet appel - parmi lesquelles celles de MM. Damm, Keller et Schiestel - et laissent bien augurer de l'avenir. Entre temps, contact avait été pris, sur la recommandation de la DTG, avec MM. Collin et Truttmann, spécialistes bien connus de la fortification.
Le 25 mars, avec l'accord de la DTG qui autorise l'accès à l'ouvrage pendant une période de 6 mois, une première rencontre rassemble devant l'entrée des munitions une trentaine de personnes intéressées par le projet. La visite de l'ouvrage étonne tous les participants qui, sans hésiter, se prononcent pour la constitution d'une association et l'étude d'une action de sauvegarde.
LA FONDATION DE L'ASSOCIATION
Le 15 avril 1978, une cinquantaine de personnes se retrouvent au restaurant de la Cave fruitière et, après lecture et adoption des statuts, décident la création de l'AALMA. Dans l'assistance, on note la présence du Lt-colonel Salel, de la BA 901, du Cdt Mayran, chef de l'ATG de Haguenau, de M. Schiellein, Conseiller général, de M. Schlik, Conseiller régional, de MM. les Maires Rott, Durst et Weishaar, de MM. Haas, Fischer, Mathès, Mathieu et Mistler, représentant les Anciens de la Ligne Maginot, et de nombreux futurs membres.
Un Conseil d'administration est constitué : président M. Damm, vice-présidents MM. Schiellein et Wahl, secrétaire M. Reiss, trésorier M. Schlick, membres MM. Collin, Jacob, Jost, Graf, Niess, Schiestel, ainsi que les maires des 3 communes concernées.
Dès que l'association est enregistrée au Tribunal d'instance de Wissembourg, le 20 juin 1978, une demande de concession de l'ouvrage est adressée à la DTG. Dans l'intervalle, grâce à l'autorisation permanente d'accès - il faudra quand même, avant chaque visite, retirer la clé à l'ATG de Haguenau puis la ramener le dimanche soir au domicile de l'adjudant i Dans un 2e temps, la gendarmerie de Soultz acceptera de conserver la clé à notre disposition. Enfin, plus commode, il nous sera permis de la récupérer au bureau du Génie sur la base de Drachenbronn, non sans quelques chassés croisés homériques parfois - et grâce à l'abondante documentation trouvée dans les archives du Génie, l'ouvrage est ausculté minutieusement et des plans de travail ébauchés.
Le noyau du début se renforce de mois en mois : Joseph Heintz et Peter Muhlschlegel, puis Christian Delbecq s'y joignent, suivis de Jean-Louis Burtscher, le député Grussenmeyer, Roger Chartoire, Roger Schaeffer, Patrick Reeb, Claude Burcker, et beaucoup d'autres. Les premiers visiteurs sont accueillis et guidés, les premiers dons acceptés. De nouveaux membres actifs et sympathisants s'inscrivent. En juin, le CLM démarre et éclaire l'usine pour la première fois depuis longtemps : c'est du baume au coeur pour tous et une grande espérance de voir un jour tout le reste fonctionner. Le dimanche de Pentecôte 1978, 90 visiteurs se bousculent dans l'entrée, nous sommes débordés.
Le 13 juillet hélas, une douche froide nous attend à la DTG de Strasbourg : le général Etchéverry, gouverneur de Metz et commandant le 1er Corps d'Armée et la 6e Région Militaire, refuse la cession de l'ouvrage avec le motif " immeuble nécessaire à l'instruction des unités stationnées à Oberhoffen. C'en est fait de nos beaux projets et la DTG retire sur le champ son autorisation d'accès.
Celle-ci sera néanmoins renouvelée peu après mais de manière ponctuelle, à dates fixées au préalable. Notre traversée du désert commence et elle durera jusqu'à fin 1981. Pendant cette période de 3 ans et demi, nous aurons quand même le loisir d'organiser un certain nombre de visites du Schoenenbourg, dans des conditions certes folkloriques, lampe à la main et pieds dans la boue, mais au terme de chacune d'elles tous les visiteurs se déclareront enchantés de leur aventure souterraine et surpris de découvrir une réalisation aussi impressionnante.
LE SOUTIEN DU COMITE DE COORDINATION
En janvier 1979 se constitue à Metz le Comité de coordination des Anciens et des Amis de la Ligne Maginot. L'un de ses objectifs sera d'assurer la liaison entre les associations et l'armée dont il sera l'interlocuteur privilégié. Présidé par les hautes personnalités que sont le général d'armée Vaillant et le président Simon, nous ne doutons pas de l'appui précieux que va représenter pour nous ce comité.
Des premières entrevues entre ses responsables et l'état-major de Metz, il apparaît pourtant qu'il ne faut guère se faire d'illusions quant à l'attribution du Schoenenbourg dans un proche avenir. Il nous est même conseillé d'abandonner carrément cette perspective et de nous orienter sur le... Four à chaux ! Une nouvelle demande est donc établie dans cette direction.
Fin 1979, l'Armée de l'Air nous informe qu'il n'est pas question de céder le Four à chaux. Nullement découragés, nous relançons les démarches concernant le Schoenenbourg, persuadés que tôt ou tard bon sens et compréhension l'emporteront. Nous enrageons tout de même de demeurer impuissants en constatant la dégradation croissante de l'ouvrage et de ses installations.
A défaut de pouvoir nous attaquer à la remise en état du Schoenenbourg, nous ouvrons un gros chantier à l'abri voisin du Grasersloch, aimablement mis à notre disposition, fin 1979, par la commune de Hunspach.
LA PARENTHESE DU GRASERSLOCH
Bien que l'espoir d'obtenir un jour le Schoenenbourg demeure vivace, toute l'activité de l'AALMA va se cristalliser sur cet abri-caverne dont les diverses chambres pourront abriter un petit musée Maginot. Mais avant d'en arriver là, il y a beaucoup à faire : l'ouvrage est perdu dans les bois, à 500 mètres de la route la plus proche, noyé dans une végétation dense, chemins d'accès inutilisables et défoncés, l'unique CLM complètement grippé, les drainages bouchés, les escaliers en bien triste état, etc...
Un travail considérable y sera pourtant accompli en 1980, 81 et 82 : un véritable chemin parfaitement carrossable sera créé à travers la forêt, des fossés de drainage seront creusés, le périmètre de l'ouvrage largement débroussaillé puis déboisé, les blocs décapés, le CLM démonté et remis en route, l'éclairage rétabli, le pompage d'eau remis en fonction, les châlits démontés, les locaux nettoyés et repeints.,
Petit à petit y prendront place des matériels récupérés au cours de mémorables expéditions, en majeure partie en Moselle : tourelle de char FT 17, casemate FT radio, tourelle démontable 1935/37, guérites blindées, 47 de marine sur affût crinoline, trémie JM, cloche observatoire STG, etc.. tous soigneusement décapés, poncés et repeints.
L'humidité pose cependant un gros problème pour la conservation des documents et des objets " périssables " du futur musée. Branchement électrique sur le réseau ES et système de ventilation et de déshumidification sont mis à l'étude. L'importance des travaux d'installation et le montant élevé des devis mettent un frein au projet de musée dans le Grasersloch. Les travaux d'aménagement n'en sont pas moins poursuivis avec ardeur tout au long de l'année 81.
En décembre 81, coup de théâtre : la DTG de Strasbourg nous annonce la prochaine cession du Schoenenbourg à notre association.
Une ère s'achève, une autre va commencer. Un nouveau chantier va s'ouvrir, et quel chantier ! Mais ceci est déjà une autre histoire.
Jean-Bernard Wahl – texte rédigé en 1988