Editorial
LE CHAUD ET LE FROID
La vie de notre association est régie par une succession d'événements qui ont la caractéristique d'être proches du fonctionnement habituel de notre société, où alternent les événements heureux et les malheurs. Bref, une société où souffle le chaud et le froid.
Le chaud, pour notre association, est le bonheur d'avoir pu évoluer, ces dernières années, dans un contexte de plus en plus favorable : l'amélioration constante de la présentation de nos ouvrages, la régulière montée en puissance du nombre de visiteurs, le passage réussi de la professionnalisation partielle des visites, notre installation et notre parfaite intégration à l'office de tourisme de Hunspach, un changement de propriété de l'ouvrage de Schoenenbourg plus que réussi, l'harmonieux rapprochement avec les communes et, finalement, la prise en compte de notre plan de développement et de valorisation par la communauté des communes.
Une dynamique à vous donner chaud au coeur et qui aurait de quoi faire fantasmer plus d'un président d'association de sauvegarde de la fortification.
Le froid, c'est le temps exécrable de ce début d'été. Les plages désertes, les hôteliers catastrophés, les campeurs dégoûtés, des vacanciers qui demandent qu'on leur mette le chauffage en plein mois d'août, les adeptes de concours de pêche aussi mouillés que les poissons, et ceci dans toute l'Europe.
Conclusion : le vacancier était coincé sur son lieu de villégiature et n'avait même plus le recours de s'échapper vers des cieux plus cléments. Que fit alors le vacancier ? Eh bien il visita, de préférence des endroits où il savait être au sec. Et c'est là que la Ligne Maginot fut la bienvenue, pour preuve, les bons chiffres de visiteurs relevés journellement au Schoenenbourg, en juillet et en août.
Alors, faut-il souhaiter le mauvais temps pour les saisons touristiques à venir ? Ce serait pousser le bouchon un peu loin ! En tous cas, cela nous aura démontré une chose, c'est que le froid s'est, pour notre cas précis, transformé en chaud, ce qui prouve que les deux font parfois bon ménage.
Jean-Louis Burtscher
DES SIGNATURES QUI FERONT DATE
Samedi 29 juin, mairie de Hunspach. La salle de réunion a rarement accueilli pareil contingent d'élus et de personnalités représentatives. Ainsi, se côtoient les maires ou adjoints des 11 localités formant la Communuauté des communes du Pays de Wissembourg, le président de cette communauté, le conseiller général du canton de Soultz-sous-Forêts, le président du conseil général de Bas-Rhin, le sous-préfet de l'arrondissement de Wissembourg, un représentant de l'armée et, bien entendu, des représentants de l'AALMA.
Le maire de Hunspach, M. Billmann, accueillit ses hôtes par des paroles de bienvenue, et se déclara honoré de recevoir un si beau patrimoine. Le conseiller général Jean-Laurent Vonau rappela le rôle important du Département depuis que l'association s'est engagée sur le terrain touristique. Prenant le relais, le président du conseil général, Philippe Richert, félicita ceux qui ont mis en oeuvre la valorisation exemplaire de ce patrimoine, et affirma son soutien pour le plan de financement en cours.
A son tour, notre président, Marc Halter, prit la parole, voici le contenu de son allocution :
" Il y a 62 ans, exactement à la même période, se terminait la dramatique campagne de France.
Le fort venait d'encaisser près de 3000 bombes et obus ; par ce triste record, il entrait dejà dans la légende !
La "drôle" de guerre n'avait pas été drôle pour tout le monde, les villages avaient été évacués, les populations déplacées et les troupes de forteresse qui avaient assuré l'inviolabilité du Nord de l'Alsace ont été littéralement livrées à l'adversaire après l'Armistice.
Puis vinrent la noire période de l'annexion, la joie de la libération et enfin la reconstruction des maisons et des coeurs.
Qui aurait pu s'imaginer qu'un jour nous soyons tous réunis ici, pour signer ces baux ?
Après 1967, le fort n'est plus entrenu par l'armée, il est la proie des récupérateurs et des vandales qui ont vite fait de le transformer en une ruine pitoyable.
En 1978, une poignée de passionnés, après de longues et difficiles démarches, réussissent à visiter le fort (lampes de poches et bottes) ; pour ces puristes c'est une révélation et l'AALMA est créée, d'emblée avec une dimension franco-allemande ! Tous les bénévoles se mettent au travail, on cure les égouts, on tire de câbles électriques, on ponce, on peint, on balaie, on graisse, on nettoie, on montre, on fait visiter...
En tout, ces travailleurs (ces taupes) fourniront près de 60 000 heures de travail bénévole, ils feront découvrir l'ouvrage à près de 400 000 visiteurs qui s'émerveilleront aussi devant la beauté des villages qui forment cette belle région qu'est l'Alsace du Nord ! Plus d'un million d'Euros (près de 7 millions de francs) seront investis dans le fort... (et je le rappelle, sans aucune aide extérieure).
Fin des années 90, les choses commencent enfin à bouger, on sent que le moment est peut-être propice, alors on s'y met, on prend des contacts, on négocie, on est déçu, on espère, on s'accroche, une nouvelle fois on se mobilise, et chose merveilleuse, toutes les instances de la région s'y mettent et jouent le jeu (communes, conseil général, sous-préfecture, affaires culturelles, armée, office de tourisme, communauté des communes nouvellement créée, et j'en passe...)
Que de réunions, de kilomètres parcourus, de difficultés, de chicanes administratives (il fallait être partout) nous avons dû surmonter pendant 4 ans !
Et finalement, le 4 septembre 2001, notre patience fut récompensée : le fort de Schoenenbourg changea de propriétaire. Au même titre que nos maisons à colombages, que la cathédrale ou notre folklore, la Ligne Maginot fait désormais partie de notre patrimoine local, ses blocs de béton sont ancrés dans notre terre et ont marqué notre paysage et notre histoire.
Cette réussite n'a été possible que grâce à l'implication et l'engagement de tous (et votre présence ici, aujourd'hui, le confirme) mais aussi la volonté et le savoir-faire des bénévoles et la bonne entente ainsi que la confiance qui règne entre les communes et l'AALMA.
Après 24 ans de travail et de patience, je sais que nous pouvons compter sur votre aide et votre soutien, ainsi le fort de Schoenenbourg servira de phare et fera connaître cette magnifique région.
Merci à tous."
Après les discours, on en vint à la signature des baux stipulant que l'ouvrage de Schoenenbourg était désormais confié, pour 49 années, à notre association. Les maires et adjoints des communes de Hunspach et d'Ingolsheim, et notre président, avaient fort à faire pour parapher les sept pages des quatre exemplaires du bail.
Le vin d'honneur eut lieu à quelques pas de la mairie, dans la grande salle de la maison Ungerer. Il rassembla environ 70 convives, dont les membres de notre conseil d'administration. Ce fut un moment d'échange et de grande convivialité, et pour tout dire, un événement qui fera date.
LA VIE DE L'ASSOCIATION
Avril 2002
75 000 nouveaux dépliants "Fort de Schoenenbourg" nous sont livrés. Le document a subi une refonte pour être encore plus attractif et pour y intégrer des informations supplémentaires concernant les spécificités de la visite. Il fallait aussi annoncer un petit changement dans le calendrier d'ouverture, puisqu'en avril et en octobre, l'ouvrage sera également ouvert les samedis ; il l'était déja les dimanches et jours fériés.
Mai 2002
Un article sur les forts de Schoenenbourg et du Hochwald est diffusé dans la revue "Civique", qui est le magazine d'information du personnel du ministère de l'Intérieur, et qui est tirée à 100 000 exemplaires.
Samedi 11 et dimanche 12 mai 2002
Notre association est représentée, à l'aide d'un stand, au sein d'un grand rassemblement de véhicules utilitaires anciens qui a lieu sur l'aérodrome de Haguenau. Près de 400 camions, autocars, tracteurs, véhicules de pompiers firent l'admiration de près de 10 000 visiteurs. Notre stand connut, lui aussi, un indéniable succès.
Jeudi 30 mai 2002
Signature de la charte intercommunale de développement local de la communauté des communes du Pays de Wissembourg. En présence de nombreux élus, dont le président du conseil général du Bas-Rhin et le sénateur Daniel Hoeffel, le projet de valorisation du Schoenenbourg sous la tutelle de la communauté des communes est évoqué pour la première fois en public.
Samedi 29 juin 2002
Signature du bail concédant le fort de Schoenenbourg à notre association, pour une durée de 49 années, moyennant, naturellement, certaines contreparties dont une obligation d'assurance, un respect des lieux, la prise en charge des frais occasionnés par l'exploitation, etc.
Rappelons que la commune de Hunspach est désormais propriétaire de 486,61 ares de terrain en surface, et des dessous correspondants, c'est-à-dire les deux blocs d'entrée, la caserne, l'usine, et la part de la galerie principale, jusqu'à 60 mètres du coude de l'égout.
La commune d'Ingosheim est, quant à elle, devenue propriétaire de la zone des blocs de combat, pour un surface de 1824,74 ares, ainsi que les dessous correspondants aux bas des blocs, aux galeries de liaison, au PC, et à la part de la galerie principale s'étendant peu avant le coude de l'égout et l'entrée du bloc 2.
Samedi 29 juin 2002
Une délégation de notre association s'est déplacée à Ebersviller (Moselle) pour participer au conseil d'administration de la Fédération des associations de sauvegarde de la fortification.
Le général Jardin, délégué au Patrimoine de l'armée de terre, était venu pour parler des relations entre l'armée et les associations de sauvegarde, et pour donner des précisions quant aux matériels encore disponibles dans les ouvrages militaires, et leurs conditions de cession aux associations.
Samedi 20 et dimanche 21 juillet 2002
L'AALMA est représentée, par une participation à un stand commun avec d'autres acteurs touristiques du nord de l'Alsace, lors d'une très importante fête folklorique se déroulant à Seebach, qui a attiré près de 10 000 spectateurs.
Mercredi 13 août 2002
L'AALMA et le fort de Schoenenbourg reçoivent la visite de plusieurs administrateurs de la Fédération des associations de sauvegarde de la fortification. Notre président accueille ainsi MM. Michel Mansuy et André Derr, respectivement secrétaire général et trésorier de la fédération, Jean-Louis Goby, président de l'association de sauvegarde de l'ouvrage du Bois Karre, Robert Varoqui, administrateur d'AMIFORT Veckring - ouvrage du Hackenberg -.
Et encore :
- La Ligne Maginot à l'étude : Rien de plus normal, mais bien plus exceptionnel quand elle fait l'objet d'un travail de recherche en Allemagne. En effet, Martina Jaeger, de Seefeld/Drösslingen a réalisé un travail de mémoire avec d'une part un développement technique, d'autre part un recueil de temoignages d' Anciens, et tout ceci en langue française, s'il vous plait. Elle a obtenu les félicitations de ses examinateurs, qui nous en ont fait part, avec une note de 13 sur 20.
Bravo les jeunes : En août, le Schoenenbourg a été visité par de jeunes étudiants de Porth Elisabeth, en Afrique du Sud. Ils étaient en séjour au Palatinat voisin, et ont découvert là un symbole de réconciliation entre deux nations longtemps antagonistes, ce dont ils s'inspireront pour faire évoluer les mentalités de leur pays.
Juillet 2002 - Annotations extraites du livre d'or du Schoenenbourg :
9 juin : En tant que doyen (105 ans) des anciens combattants d'Alsace-Lorraine de la guerre 14-18, j'ai été très impressionné par la visite du fort. Je remercie Monsieur le Président pour son accueil chaleureux
un peu plus loin : Cette balade était super intéressante, Merci,
et encore : Il faisait froid, c'était long, c'était noir, mais c'était très bien quand même.
puis : Superbe visite, signé : Hélène
le 10 : Merci pour cette visite, qui a été très intéressante, signé : Stéphanie
le 11 : C'est un parcours extraordinaire ! qui restera à jamais gravé dans ma mémoire, signé : Edit
le 11 : Bravo à toute l'équipe de bénévoles pour le formidable travail d'entretien de la mémoire. Visite à recommander, signé : illisible - le Havre
le 11 : Visite très intéressante et plus instructive qu'un cours au lycée, signé : Pascale - de Tahiti
et encore : Très intéressant, à conserver. Bien entendu, visite qui demande un peu d'endurance, signé : illisible
le 12 juillet : Visite très intéressante, et merci, signé : Dominique
puis : Il manque un ascenseur, signé : Christine
et : Très bien (traduit), signé : Raymond Norris - USA
et encore : Merci aux bénévoles. En avant pour la paix, signé : Manuela - Trento/Italie
enfin : Ce fut un véritable plaisir, cette visite de la Ligne Maginot. C'était un grand jour, pour moi, signé : Stevenson (traduit de l'Anglais)
Le 13 juillet : Un beau reflet de ce que devait être la dure réalité, signé : Laure, Aurore et Tibor - Montpellier
Puis : Salut c nous, chez pas ce que on peut écrire, signé : Thao (reproduit comme tel).
le 14 : Ouvrage très intéressant., les enfants ont aimé ce parcours. Très enrichissant. famille Ortelli - Duttlenheim, plus Else et Hans Rasmussen - Danemark
et : C'était très bien et très musclant. Signé : Céline - Haut-Rhin
enfin : Bravo à l'association pour la restauration et l'entretien de cet ouvrage. La visite était très intéressante. Merci aux bénévoles pour leurs explications, signé : Catherine et Sébastien, de Mulhouse, Emmanuelle et Denis, de Colmar.
NOUVELLES DE LA CASEMATE ESCH
Une quarantaine de casques français, allemands et américains ont été mis en exposition au sommet des vitrines renfermant des équipements de ces différentes armées. Il s'agit d'un don de la fille de de notre ancien membre et administrateur Roger Chartoire, qui est décédé il y a deux ans. Merci à elle.
Un projecteur de casemate (sans le blindage) a été restauré et est désormais exposé dans la chambre de tir nord.
TRAVAUX AU SCHOENENBOURG
Dans l'entrée des munitions :
Une entrée d'eau qui humidifiait constamment et abondamment le couloir d'accès à la chambre de tir a été canalisée, et donc jugulée. C'est le joint de dilatation de la dalle de couverture du bloc qui a perdu son étanchéité, et qui nous occasionnait ce désagrément.
Dans la galerie principale et les galeries de desserte des blocs : les décanteurs des canalisations ont été vidés sur toute la longueur de la grande galerie, ainsi que dans les blocs. Opération banale, au demeurant, avec toutefois la particularité qu'elle a été effectuée par deux employés d'une entreprise de réinsertion, établie à Woerth.
Le choix de faire faire ce chantier par des salariés avait été dicté par le fait que l'équipe de travail était engagée dans des travaux importants et valorisants (électricité, sonorisation, peinture de la salle des filtres) et que l'assainissement des écoulements d'eau était constamment repoussée. En outre, l'effectif de l'équipe des travailleurs étant actuellement à un niveau assez bas, on ne pouvait tout demander d'elle.
La solution s'avéra être l'emploi ponctuel de salariés intérimaires, comme le font d'ailleurs nombre d'entreprises pour pallier aux pics de la charge de travail. La situation financière le permettant, on pouvait ainsi délester les travailleurs bénévoles.
En matière de déshumidification, deux appareils supplémentaires ont été installés en vue d'optimiser l'efficacité de cette technique. Un des deux appareils a été mis en place après le coude de la galerie principale, le second derrière la porte blindée du couloir d'accès à l'entrée des hommes.
La rénovation de la salle des filtres est quasiment terminée, il reste à appliquer les dernières retouches. Ce chantier, qui aura duré 9 mois, n'est certes pas le pus important en matière de rénovation, mais il aura sans doute produit un des plus spectaculaires résultats.
Un autre gros chantier, qui influe fortement sur la qualité de la visite est l'extension de la sonorisation. Plusieurs endroits ont bénéficié de dispositifs sonores :
Au niveau de la cuisine, un enregistrement de ventilateur se met en route et diffuse son ronflement pendant quelques minutes. Quand au bout d'un moment la (fausse) ventilation s'éteint, un autre (faux) ventilateur prend le relais derrière la porte blindée, au centre du couloir menant à l'entrée des hommes.
Ainsi, le secteur cuisine/entrée des hommes a retrouvé ses sonorités, car rappelons le, les enregistrements fonctionnent en place des ventilateurs d'origine existants.
Quand le visiteur progresse vers l'usine, il entend le grondement du groupe convertisseur de la sous-station traction. Le fonctionnement du vrai convertisseur a lui aussi été enregistré et reproduit à partir d'un haut-parleur caché sous l'engin. On n'y voit que du feu. Le (faux) groupe s'éteint au bout de six minutes, et reprend son fonctionnement au bout d'une minute d'arrêt, créant alors une impression de mise en route à la demande et évitant ainsi une monotonie du fond sonore.
Mais le clou a été la reproduction de la mise en marche d'un moteur Sulzer. Sur un tour de clé du guide, le diesel se met en route, atteint sa vitesse de croisière, tourne pendant une minute, puis s'éteint doucement dans de grand cliquetis de culbuteurs et de soupapes. C'en est tellement réaliste que les visiteurs montrent du doigt le Sulzer qui tourne, où qu'ils croient entendre tourner car en réalité rien ne bouge, mais comme c'est la machine du fond de l'alvéole à moteurs qui abrite le haut-parleur, là aussi, on n'y voit que du feu.
C'est tellement réaliste que nos propres bénévoles ont plaisir à l'entendre. En outre pour coller le plus près possible à la réalité, un (faux) gros ventilateur de la salle des filtres se met alors en action pendant 30 secondes, histoire d'évacuer les (faux) relents de Sulzer. Le haut-parleur ayant été placé sous la tuyauterie existante, celle-ci vibre sous l'effet des ondes sonores à tel point qu'il est impossible de discerner le vrai du faux.
Pour finir, le module sonore du coude de la grande galerie diffuse maintenant de la musique militaire qui emplit de vie plusieurs centaines de mètres de ce long couloir.
Ainsi, quand on compare ces bruitages aux effets sonores irréalistes du spectacle du Simserhof, on peut affirmer que les bénévoles ont réalisé, au Schoenenbourg, un travail de reconstitution auditive de grande qualité, dont ils peuvent être légitimement fiers. Et ce n'est pas fini !
LE NOUVEAU SIMSERHOF
L'ouvrage du Simserhof est à nouveau accessible depuis le 14 juillet. Il était presque impossible d'oublier cette date, tellement les médias nous l'avaient assénée. Toutes les chaînes télévisiées, toutes les radios y consacraient des émissions. Tous les journaux, toutes les revues, même celles médicales ou religieuses, publiaient des articles. Les bus des grandes métropoles véhiculaient de grandes affiches "Le Simserhof, fort invincible de la Ligne Maginot...". Les panneaux publicitaires n'étaient pas en reste, bref, le Simserhof était partout, c'était l'événement de la décennie.
Nous avons donc décidé de nous déplacer à Bitche et de découvrir cette animation inédite. Voici un compte rendu succint de notre visite.
Mercredi 24 juillet. Nous nous garons sur un grand parking qui a été créé au bord de la route du Légeret et c'est une navette de bus qui emporte les visiteurs au fond du vallon, où se trouve l'entrée des munitions. Là, deux bâtiments flambant neufs ont été édifiés légèrement à l'ecart du bloc d'entrée et il faut reconnaître que l'aménagement extérieur est une réussite.
Les billets sont délivrés dans un vaste bâtiment d'accueil où s'affairent de nombreuses hôtesses. Deux files d'attente se vident alternativement au profit du bâtiment de présentation d'un film didactique qui dure 14 minutes. C'est impressionnant et on en prend plein les yeux, souvent au moyen d'images d'archives inédites.
Le film est bien structuré et il explique, mieux que nous ne pouvons le faire lors de nos propres visites, le contexte de l'entre-deux-guerres. Mais on voit aussi ponctuellement des séquences tirées de films de propagande allemande. Il est quand même regrettable qu'à l'heure actuelle de tels documents servent encore à expliquer notre histoire ! Où a donc été le verdict du comité scientifique ?
Puis on embarque sur une navette électrique de 20 places qui vous emmène vers l'entrée, celle-ci vous "avale" dans un étrange grondement. Un commentaire enregistré explique alors la vie et le fonctionnement du fort, des jeux de lumière s'allument et s'éteignent. A l'entrée du magasin M1, des scènes de (mauvaise) reconstitution projetées sur un écran miment la vie des troupes dans l'ouvrage et particulièrement celle du soldat Schmitt, qui servira de fil conducteur à toute l'histoire.
Dans la première ligne droite du M1, les composantes de la forteresse : armes, canons, optique, téléphonie et ventilation sont exposés dans les alvéoles paresouffle. Le chariot longe à petite vitesse ces matériels.
Après la boucle, est abordée l'autre desserte du M1, où l'on est censé suivre l'histoire projetée à la fois sur les murs et au fond des alvéoles, à grand renfort d'explosions et de bruits divers qui ne ressemblent à aucune sonorité connue dans la forteresse. Bruits, effets visuels et lumineux s'accumulent et deviennent incommodants et on a du mal à suivre l'histoire jusqu'à son terme.
Puis c'est la dernière ligne droite, et c'est le retour après 32 minutes passées dans le fort. Au quai d'embarquement une hôtesse nous demande si cela nous a plu. Les visiteurs sont quelque peu abasourdis et personne n'est en mesure de répondre, ni en bien, ni en mal. L'effet émotionnel recherché a été visiblement atteint.
Le groupe traverse ensuite l'impressionnante boutique de souvenirs et va se désaltérer à l'accueillante caféteria. Dans la navette qui nous ramène sur le parking, nous relevons au passage des appréciations alors que les visiteurs discutent entre eux. Nombre de gens se disent déçus, car ils croyaient voir "la Ligne Maginot", et non un film.
Il faut croire que les dirigeants du nouveau Simserhof en sont conscients car ils promettent, pour 2003, une visite du secteur "caserne-usine".
DIVERS
- Une entreprise de métallurgie-chaudronnerie située dans le bassin industriel de Soissons vient de déposer son bilan. Ce fait, malheureusement devenu presque banal, mérite toutefois notre attention car il s'agit de la firme Pecquet-Tesson, qui a fabriqué les réceptacles à douilles pour blocs d'artillerie sous casemate, de la Ligne Maginot.
- A Uffheim (Haut-Rhin), l'équipe de bénévoles de la casemate de l'Aschenbach a fêté ses dix années d'activité au profit de cet ouvrage. La dernière nouveauté est la mise en place d'une magnifique réplique d'un canon de 47 mm de marine qui à elle seule, vaut le détour.
- Les Amis de la fortification du Pays de Bitche ont entrepris la réhabilitation du site de la casemate Dambach-Sud, avec l'intention de la remettre aux standards de l'époque. Ils ont profité de la fête de la myrtille, à Dambach, pour présenter leur opération de sauvegarde de la mémoire historique. Rappelons que la casemate voisine Dambach-Nord est ouverte au public depuis plusieurs années et qu'elle est intégrée dans un circuit de découverte.
- Le Musée de l'Abri, à Hatten, a connu une grande animation lors de l'inauguration de ses nouvelles installations. De nombreuses personnalités, dont notre président, étaient présentes. Elles ont pu découvrir le nouveau hall d'exposition de dioramas, la salle des "malgré nous", ainsi que les nouvelles dispositions thématiques qui font que le musée est désormais comparable aux musées de Normandie.
- L'équipe qui a pris en charge la casemate Oberroedern-Sud a organisé une marche de nuit, sur le thème du "chemin des casemates".
Le samedi 6 juillet, les Anciens du secteur fortifié de Haguenau ont déposé une gerbe sous la plaque commémorative fixée au fronton de la casemate Oberroedern-Sud, en mémoire des 5 militaires tombés lors des batailles du 26 juin 1940, sur ces mêmes lieux.
- Dans la foulée, les membres de l'amicale des Anciens du secteur fortifié de Haguenau visitèrent la casemate Esch, à Hatten. Ils furent ravis par la qualité du contenu et la présentation des collections, et gratifièrent d'un grand "bravo" les bénévoles de notre association qui s'y consacrent.
- Les bénévoles de Maginot Escaut ont récupéré, pour la sauvegarder et l'exposer au sein de la casemate Mont des Bruyères, une très belle et très rare trémie de blockhaus avec carter pour mitrailleuse Hotchkiss.
- L'ouvrage du Schiesseck est en vente. Etant situé sur le ban de la commune de Bitche, on peut penser que cette dernière l'achètera puisque les ouvrages sont proposés en priorité aux collectivités locales. Qu'adviendront alors les très intéressants matériels et rechanges que recèle encore cet ouvrage ?
- Le fort d'Uxegney a été inscrit en totalité à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Ce n'est là qu'une juste récompense pour les bénévoles qui l'ont sauvegardé et valorisé. Il faut reconnaître que l'ouvrage d'Uxegney est "le" fort Séré de Rivières modernisé le plus complet, le plus intéressant et le mieux conservé.
Mais là où nos amis de l'ARFUPE ont fait fort, c'est qu'ils ont également réussi à faire figurer à l'inventaire le fort voisin de Bois l'Abbé, un Séré de Rivières pur jus.
- L'abri de Bichel sud, près de l'ouvrage de Métrich, a été pris en mains par une association de sauvegarde nouvellement créée.
LIRE
- Paris a été doté, entre septembre 1939 et juin 1940, d'une ligne de défense longue de près de 130 km, par l'édification d'environ 304 blockhaus.
Une réelle surprise, même pour les connaisseurs.
L'ouvrage de 263 pages "LA LIGNE CHAUVINEAU - Histoire de la dernière fortification permanente française", rédigé par Philippe BEUSCART, 11 rue du Bel Air, 95600 EAUBONNE, est en vente chez l'auteur, au prix de 40 euros + 3 euros pour le port.
- "LE SIMSERHOF - Découverte d'un ouvrage Maginot" est un brochure de 60 pages rédigée par Alain Honadel et Jean-Yves Mary. En vente au point d'accueil du Simserhof au prix de 9 euros.