L'Association des
Amis de la Ligne Maginot d'Alsace

 

La fondation de l'association

Le 15 avril 1978, une cinquantaine de personnes se retrouvent au restaurant de la Cave fruitière et, après lecture et adoption des statuts, décident la création de l'AALMA. Dans l'assistance, on note la présence du Lt-colonel Salel, de la BA 901, du Cdt Mayran, chef de l'ATG de Haguenau, de M. Schiellein, Conseiller général, de M. Schlik, Conseiller régional, de MM. les Maires Rott, Durst et Weishaar, de MM. Haas, Fischer, Mathès, Mathieu et Mistler, représentant les Anciens de la Ligne Maginot, et de nombreux futurs membres.
Un Conseil d'administration est constitué : président M. Damm, vice-présidents MM. Schiellein et Wahl, secrétaire M. Reiss, trésorier M. Schlick, membres MM. Collin, Jacob, Jost, Graf, Niess, Schiestel, ainsi que les maires des 3 communes concernées.

Dès que l'association est enregistrée au Tribunal d'instance de Wissembourg, le 20 juin 1978, une demande de concession de l'ouvrage est adressée à la DTG. Dans l'intervalle, grâce à l'autorisation permanente d'accès - il faudra quand même, avant chaque visite, retirer la clé à l'ATG de Haguenau puis la ramener le dimanche soir au domicile de l'adjudant i Dans un 2e temps, la gendarmerie de Soultz acceptera de conserver la clé à notre disposition. Enfin, plus commode, il nous sera permis de la récupérer au bureau du Génie sur la base de Drachenbronn, non sans quelques chassés croisés homériques parfois - et à l'abondante documentation trouvée dans les archives du Génie, l'ouvrage est ausculté minutieusement et des plans de travail ébauchés.

Le noyau du début se renforce de mois en mois : Joseph Heintz et Peter Muhlschlegel, puis Christian Delbecq s'y joignent, suivis de Jean-Louis Burtscher, le député Grussenmeyer, Roger Chartoire, Roger Schaeffer, Patrick Reeb, Claude Burcker, et beaucoup d'autres. Les premiers visiteurs sont accueillis et guidés, les premiers dons acceptés. De nouveaux membres actifs et sympathisants s'inscrivent. En juin, le CLM démarre et éclaire l'usine pour la première fois depuis longtemps : c'est du baume au coeur pour tous et une grande espérance de voir un jour tout le reste fonctionner. Le dimanche de Pentecôte 1978, 90 visiteurs se bousculent dans l'entrée, nous sommes débordés. 

Le 13 juillet hélas, une douche froide nous attend à la DTG de Strasbourg : le général Etchéverry, gouverneur de Metz et commandant le 1er Corps d'Armée et la 6e Région Militaire, refuse la cession de l'ouvrage avec le motif " immeuble nécessaire à l'instruction des unités stationnées à Oberhoffen. C'en est fait de nos beaux projets et la DTG retire sur le champ son autorisation d'accès.

Celle-ci sera néanmoins renouvelée peu après mais de manière ponctuelle, à dates fixées au préalable. Notre traversée du désert commence et elle durera jusqu'à fin 1981. Pendant cette période de 3 ans et demi, nous aurons quand même le loisir d'organiser un certain nombre de visites du Schoenenbourg, dans des conditions certes folkloriques, lampe à la main et pieds dans la boue, mais au terme de chacune d'elles tous les visiteurs se déclareront enchantés de leur aventure souterraine et surpris de découvrir une réalisation aussi impressionnante.


Le soutien du comité de coordination

En janvier 1979 se constitue à Metz le Comité de coordination des Anciens et des Amis de la Ligne Maginot. L'un de ses objectifs sera d'assurer la liaison entre les associations et l'armée dont il sera l'interlocuteur privilégié. Présidé par les hautes personnalités que sont le général d'armée Vaillant et le président Simon, nous ne doutons pas de l'appui précieux que va représenter pour nous ce comité.

Des premières entrevues entre ses responsables et l'état-major de Metz, il apparaît pourtant qu'il ne faut guère se faire d'illusions quand à l'attribution du Schoenenbourg dans un proche avenir. Il nous est même conseillé d'abandonner carrément cette perspective et de nous orienter sur le... Four à chaux ! Une nouvelle demande est donc établie dans cette direction.

Fin 1979, l'Armée de l'Air nous informe qu'il n'est pas question de céder le Four à chaux. Nullement découragés, nous relançons les démarches concernant le Schoenenbourg, persuadés que tôt ou tard bon sens et compréhension l'emporteront. Nous enrageons tout de même de demeurer impuissants en constatant la dégradation croissante de l'ouvrage et de ses installations.
A défaut de pouvoir nous attaquer à la remise en état du Schoenenbourg, nous ouvrons un gros chantier à l'abri voisin du Grasersloch, aimablement mis à notre disposition, fin 1979, par la commune de Hunspach. 


La parenthese du Grassersloch

Bien que l'espoir d'obtenir un jour le Schoenenbourg demeure vivace, toute l'activité de l'AALMA va se cristalliser sur cet abri-caverne dont les diverses chambres pourront abriter un petit musée Maginot. Mais avant d'en arriver là, il y a beaucoup à faire : l'ouvrage est perdu dans les bois, à 500 mètres de la route la plus proche, noyé dans une végétation dense, chemins d'accès inutilisables et défoncés, l'unique CLM complètement grippé, les drainages bouchés, les escaliers en bien triste état, etc...

Un travail considérable y sera pourtant accompli en 1980, 81 et 82 : un véritable chemin parfaitement carrossable sera créé à travers la forêt, des fossés de drainage seront creusés, le périmètre de l'ouvrage largement débroussaillé puis déboisé, les blocs décapés, le CLM démonté et remis en route, l'éclairage rétabli, le pompage d'eau remis en fonction, les châlits démontés, les locaux nettoyés et repeints.,

Petit à petit y prendront place des matériels récupérés au cours de mémorables expéditions, en majeure partie en Moselle : tourelle de char FT 17, casemate FT radio, tourelle démontable 1935/37, guérites blindées, 47 de marine sur affût crinoline, trémie JM, cloche observatoire STG, etc.. tous soigneusement décapés, poncés et repeints.

L'humidité pose cependant un gros problème pour la conservation des documents et des objets " périssables " du futur musée. Branchement électrique sur le réseau ES et système de ventilation et de déshumidification sont mis à l'étude. L'importance des travaux d'installation et le montant élevé des devis mettent un frein au projet de musée dans le Grasersloch. Les travaux d'aménagement n'en sont pas moins poursuivis avec ardeur tout au long de l'année 81.

En décembre 1981, coup de théâtre : la DTG de Strasbourg nous annonce la prochaine cession du Schoenenbourg à notre association.

Une ère s'achève, une autre va commencer. Un nouveau chantier va s'ouvrir, et quel chantier ! Mais ceci est déjà une autre histoire.

J.-B. Wahl – texte rédigé en 1988


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