Les combats dans le Secteur Fortifié de Haguenau


15 juin 1940

Vers 2 heures du matin les Allemands déclenchent, après préparation d'artillerie, une attaque sur les A.P.. Le temps pluvieux et brumeux facilite leur infiltration.

Le P.A.8 (3° Bon) et le P.A. 9 ( aspirant Durand) surpris et encerclés sont pris par l'ennemi.

Les opérations se précipitent.

A l'est, les éléments du 230 R.I.F. abandonnent sans prévenir la côte 194. Le P.A. de liaison (sergent-chef Kerneiss) rejoint par ordre le P.A. 2 bis.

Dès 6 heures, les éléments de tête allemands ayant suivi la vallée du Seebach occupent Stundwiller et le carrefour 194,6 à 300 mètres S-0. du P.C. des A.P..

Cette dernière indication fournie par le lieutenant Jung avec lequel la liaison téléphonique est encore possible, permet le déclenchement d'un tir d'artillerie efficace, bien que les batteries de l'ouvrage de Schoenenbourg soient à limite de portée. Le lieutenant Jung demande quelques instants après d'autres tirs d'artillerie qu'on ne peut lui fournir sans pouvoir lui en donner la raison ; car lui avouer le départ de toute l'artillerie du secteur eut contribué à démoraliser tout en renseignant l'ennemi.

Vers 8 heures il téléphone pour rendre compte de la belle résistance du P.A.10 (sergent-chef Impérato) qui par le feu de ses armes automatiques a fait devant ses barbelés une véritable hécatombe.

Le lieutenant Jung demande si par humanité on ne doit pas aller chercher les blessés allemands qui gémissent, et appellent au secours. En présence de la menace d'encerclement dont les A.P. sont l'objet, le lieutenant Imbona qui est à l'appareil lui répond de ne rien faire et de rester vigilant sur la position.

A 10h00 heures la ligne téléphonique est coupée. Le lieutenant Jung envoie un agent de liaison au bloc de Trimbach pour faire connaître par la ligne des blocs que ses A.P. sont complètement encerclés et qu'il est aux prises avec un ennemi de plus en plus nombreux. Il demande s'il doit ou non se replier.

Ordre lui est donné de résister sur place jusqu'au bout (directives du sous-secteur). Quelques instants après, la ligne est également coupée.

Vers 10 heures arrive l'ordre de faire sauter les destructions de Buhl. Dans l'impossibilité d'envoyer un agent de transmission par la route d'Oberroedern à Buhl, Stundwiller étant occupé par l'ennemi, le capitaine Quinet téléphone à la Seltz d'envoyer 2 hommes à Buhl.

Cette mission rendue délicate par la présence de détachements ennemis est remplie avec succès par les soldats Richard et Girard. Malheureusement, 2 hommes de la destruction de Buhl voulant rejoindre Oberroedern ont trouvé la mort à Stundwiller.

L'aspirant Rivière reçoit de son coté l'ordre de faire sauter la destruction du Rotenmuhl. La progression de l'ennemi s'accentue.

Vers 14 heures, arrivent 2 agents de transmission apportant un message verbal du lieutenant Jung. En présence de l'encerclement et de l'écrasante supériorité de l'ennemi, il demande si son repli ne doit pas être envisagé.

Il propose de regagner la L.P.R. si à 19 heures une fusée blanche est lancée. Le sous-secteur interrogé à ce sujet maintient sa décision. La fusée blanche n'est pas lancée. Il ne faut plus compter revoir les 130 hommes des avant-postes.

Le sous-lieutenant Schall, commandant le P.A.2 bis complétement cerné, décide après l'épuisement de ses munitions de se replier. Il réussit non sans peine à regagner Oberroerdern, sous les rafales des mitrailleuses allemandes, sans avoir perdu un seul homme. Dans la soirée le lieutenant Mougin en traitement à Haguenau rejoint Rittershoffen, il prend les fonctions d'officier adjoint au Commandant du quartier.


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