Le chantier de l'ouvrage d'artillerie du Schoenenbourg


TEXTES EXTRAITS DU ROMAN "LE BLOC 3"
Roman écrit vers 1940 par M. Eugène LEIBENGUTH.


0 - INTRODUCTION :

Né en 1910, Eugène Leibenguth fait son service actif en 1929 et 1930, au sein du 1er régiment du génie. A ce titre, il participe déja, en compagnie du commandant Reverdy, aux repérages des sites où seront construits les ouvrages de la Ligne Maginot du secteur fortifié de Haguenau. Puis il se fait embaucher à la Direction des Travaux de Fortification de Strasbourg, où il restera jusqu'en 1933.
Eugène Leibenguth a fait des études d'ingénieur et a donc le profil adapté pour compléter l'équipe du bureau d'études de Strasbourg, où tous ont une formation de polytechnicien.


1931 - 1933 - AU BUREAU D'ETUDES, A STRASBOURG
Le bureau d'études est dirigé par le colonel Gourandy, qui est secondé par le lieutenant-colonel Cussenot. Différents gradés sont affectés à diverses spécialités : les capitaines Legrand et Bosc et le lieutenant Lheureux pour la construction, le capitaine Guichard pour la téléphonie, les lieutenants Dutheil et Cassagne pour la ventilation. Pour l'artillerie, sont compétents un capitaine et un lieutenant.

Eugène Leibenguth et ses collègues travaillent donc à la mise au point des documents et plans qui vont servir à la construction des ouvrages, en se basant sur les notices techniques envoyées par la CORF, et qu'il faut naturellement adapter au contexte des sites à construire.


1933 - 1935 - LA CHEFFERIE PREND LE RELAIS
A partir de 1933, M. Leibenguth sera affecté au bureau "construction" de la Chefferie des Travaux de Fortification de Strasbourg. A ce moment, les chantiers sont largement entamés, mais la fourniture des notices de la CORF sera rattrapée par l'avancement des travaux. D'autant plus que la CORF est tatillonne, et que les plans font souvent des allers-retours avant d'être avalisés par cette dernière.

Le bureau "Construction" est partagé en trois zones de responsabilité :
- de Bitche jusqu'aux abords du Four à Chaux : capitaine Legrand
- du Four à Chaux jusqu'à la casemate de Schmelzbach Est : lieutenant Lheureux
- de la casemate Schmelzbach Ouest jusqu'au Rhin : capitaine Bosc et M. Leibenguth.

A ce moment, le Hochwald est en construction par l'entreprise Dietsch, de Sarreguemines, qui est alors la plus grosse entreprise de ce genre de l'Est de la France. Le Schoenenbourg est mis en oeuvre par l'entreprise Coignet, venue de la région parisienne. Quant aux casemates qui allaient jusqu'au Rhin, elles ont été édifiées par un groupement de bâtisseurs locaux nommé "Consortium du Rhin, parmi laquelle figure la firme Borie (ouvrages des environs du Heidenbuckel)".
Tout en dessinant les ultimes plans du Schoenenbourg, M. Leibenguth se rendra fréquemment sur le chantier, dont il suivra l'évolution quasiment jusqu'à terme.


DES TEMOIGNAGES RECUEILLIS DE LA BOUCHE MEME DE L'AUTEUR
En été 1984, alors que nous lui rendions visite à son domicile de Hoenheim, il nous livra quelques détails. Ainsi, les forages pour la réalisation des piliers supplémentaires sur lesquels reposaient les blocs (sauf le bloc 6 et l'entrée des munitions) étaient réalisés à partir de tubes d'acier que l'on enfonçait progressivement dans le sol. A l'intérieur de ceux-ci, un homme creusait la terre, qui était alors évacuée à l'aide d'un treuil et d'un plateau.

L'effectif sur les chantiers (on travaillait en plusieurs points de l'ouvrage) variait selon l'avancement des travaux. Il n'y eut jamais plus de deux cents personnes en activité sur la chantier. En automne 1933, alors que le bloc 7 était en construction, il y eut un mort par accident.

En 1935, la Chefferie de Strasbourg fut transférée à Haguenau et à Saverne. Eugène Leibenguth ira à Haguenau, d'où il suivra les chantiers jusqu'à leur achèvement. Ainsi, il sera régulièrement en contact avec le capitaine Vivier, qui supervisera les travaux de finition au Schoenenbourg, et qui sera transféré à Nice en 1937. En 1938, le capitaine Pierre Stroh prendra la suite du capitaine Vivier, et aura de ce fait le commandement de toutes les troupes du génie de l'ouvrage, à la déclaration de guerre.


UN ROMAN, MAIS AUSSI UN DOCUMENTAIRE
Ainsi, M. Leibenguth sera non seulement un des dessinateurs du Schoenenbourg, il assurera également le suivi et la bonne réalisation de ce qu'il avait couché sur le papier.
Il écrivit ce roman d'espionnage sur la Ligne Maginot , où l'histoire est naturellement ficitive, mais où le décor est visiblement tiré de son vécu. On peut donc considérer que la narration des détails liés à la construction reflète parfaitement la réalité.

Quant à la romance de l'ingénieur du chantier avec la belle espionne habitant Hunspach, ce n'est pas un hasard, puisque les bureaux de l'annexe du génie étaient situés, pour cette tranche, à Hunspach.

M. Leibenguth décéda en 1994, à l'âge de 84 ans. C'est sa fille qui nous confia le manuscrit de son roman "Le bloc 3". Celui-ci fait partie du fond d'archives de l'association des Amis de la Ligne Maginot d'Alsace.


SOMMAIRE :

1. Description du chantier

2. Etapes de la construction

3. Consignes concernant le béton

4. Inspections du chantier

5. Descriptions des constructions

6. Arrivée de la pelle mécanique

7. Mise en place de la tourelle

8. Essais de tirs

9. Ambiance du secteur


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