Témoignage de M. Pierre AYARD
Affecté au PC du bloc 4 de l'ouvrage de Schoenenbourg
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Dans une
correspondance entamée après une visite au Schoenenbourg
vers 1990, Pierre Ayard répond aux questions que lui
pose le secrétaire général de l'AALMA. Nous ne reproduirons pas les questions
qui sont de fait, contenues dans les réponses.
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En service, nous
dormions dans le PC même, seul sur un lit installé à cet effet ou dans les
chambres à côté du PC.
Hors service, dans
les chambres à proximité du PC.
Les repas étaient
livrés au bloc 4 dans des bouteillons. La nourriture, plutôt bonne, arrivait
chaude. Nous mangions dans le PC.
Je n'ai pas de
souvenirs précis quant à l'organisation du travail.
En dehors des
alertes, l'ambiance était plutôt détendue, on jouait au bridge.
Le lieutenant Schmitt
était ingénieur des travaux publics de Strasbourg. C'était un officier de
réserve très humain, ouvert et compétent.
Il n'y avait pas de
foyer du soldat, mais des courses pouvaient être faites à l'extérieur par
quelques uns.
Il y eut des séances
de cinéma. Je me souviens de la séance de cinéma parlant avec le film "Le
congrès s'amuse" de Lubich, avec Henri Garat et
Liliane Harvey en 1939 ou début 1940. La projection se faisait dans un parc à
munitions.
Pour les messes, je
ne sais pas, n'étant pas catholique pratiquant.
Le commandant avait
organisé des sorties à Soultz, mais je ne me souviens
plus si elles étaient maintenues en période de guerre.
Je me souviens d'un projet
de permission me concernant en 1940 qui a été annulé car j'étais malade. Les
autres soldats sont partis par un petit train qui a été bombardé. Il y a eu des
morts. C'est le destin qui m'a épargné.
Pendant la guerre, il
y avait des corvées extérieures pour entretenir les pièces de munitions
(accident du 120) mais pas de sorties pour se distraire.
On rencontrait le
commandant Reynier dans les galeries, accompagné de
son chien et de son fusil de chasse.
Les artilleurs
connaissaient à peine ceux des blocs voisins. Ils restaient entre eux, comme
l'infanterie, qui avait une entrée à part.
On pouvait circuler
librement dans le fort, surtout dans la partie artillerie, dans la cuisine et
l'infirmerie. On voyait régulièrement les électromécaniciens du génie qui
venaient réparer les groupes électrogènes.
Les bombardements
étaient perceptibles sous terre, mais sans provoquer un bruit important ;
seulement un léger tangage. On pouvait même dormir (en tout cas, c'était mon
cas).
J'ai séjourné au fort
de septembre 1938 à juillet 1940.
Pierre Ayard
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