Petit ouvrage du Haut Poirier


LA TOURELLE POUR DEUX ARMES MIXTES :

La tourelle pour deux armes mixtes est un système permettant de lutter à la fois contre l'infanterie et contre les blindés, et ceci, quelle que soit la direction de l'attaque. De plus, en cas de danger, la tourelle peut descendre rapidement en position "éclipse", sa toiture d'acier de 30 cm d'épaisseur repose alors sur d'imposants voussoirs d'acier scellés dans la dalle de béton du bloc ; la pièce est alors pratiquement invulnérable.

La position "batterie" est effectuée  grâce à un système de contrepoids qui fait émerger la chambre de tir équipée de deux armes mixtes composées chacune d'un canon de 25 mm encadré par deux mitrailleuses Reibel de 7,5 mm. L'ensemble s'élève de 30 cm.

Il faut savoir que cette tourelle fait partie d'un lot de 12 pièces provenant d'un "héritage" de la Grande Guerre. En effet, la tourelle de 75 mm modèle 1985 a été dessinée, au début du siècle, pour équiper les premiers ouvrages cuirassés. Ces douze tourelles ont donc été commandées aux établissements Dellaunay-Belleville, en 1913, pour une livraison prévue en 1915. Elles ont bien été livrées, mais trop tard pour être installées… En 1918, les tourelles sont toujours stockées, mais plus personne ne s'y intéresse.

A la fin des années 20, la Commission d'Organisation des Régions Fortifiées (C.O.R.F.) décide de réemployer ces tourelles dans les blocs d'infanterie des "Nouveaux Fronts". Elles serviront à la défense antichar tout azimut, on remplacera les anciens tubes de 75 mm par la toute nouvelle arme mixte, modifiée pour tourelle (tube de 1,50 m). Des modifications concerneront pratiquement chaque fonction de la tourelle : la ventilation, les norias, l'éclairage, la muraille… Son installation se fera dans les années 1936.



LA CLOCHE POUR ARME MIXTE :

Dès 1934, apparaît l'idée de placer dans un même créneau un tube antichar de 25 mm et un jumelage de mitrailleuses, afin d'éviter la dangereuse manœuvre de changement d'arme. Ce nouveau matériel, baptisé "arme mixte", équipera certaines tourelles, des chambres de tir sous béton et surtout 72 cloches d'un nouveau modèle. Ce type d'équipement pesant jusqu'à 50 tonnes pour un diamètre de 2, 80 m à la base est le plus imposant type de cloche installée sur la ligne. L'équipement intérieur est intéressant et très fonctionnel.

L'arme mixte est tenue en place dans le créneau par un arceau monté sur une plate-forme mobile. Le tireur, assis sur cette plate-forme, dispose de 2 manivelles contrôlant le mouvement de l'arme et la rotation de la plate-forme.

Les poignées des manivelles commandent indépendamment le tir des mitrailleuses et un levier déclenche le tir du canon antichar. Le tireur dispose d'une lunette de tir coudée en forme de "Z" qui aboutit dans la rotule, entre les 2 mitrailleuses.

Si l'on veut installer l'arme dans le deuxième créneau de la cloche, il faut déverrouiller la rotule, basculer l'arme en arrière, refermer le créneau avec le bouchon monté sur un bras articulé et verrouiller l'arme dans le second créneau. Une sécurité permet d'éviter le tir accidentel du trumelage pendant la manœuvre.

Dans la cloche, le long de la paroi, sont en permanence stockés 10 chargeurs de 150 cartouches de mitrailleuse et 36 obus de 25 mm. Ce stock sert à faire face à toute alerte en attendant que les renforts arrivent.

En fonction des besoins, un ou deux pourvoyeurs, debout derrière le tireur, s'occupent de réceptionner les munitions et de recharger les trois armes du trumelage. A la base de la colonne qui supporte la plate-forme circulaire de l'engin, deux soldats s'occupent d'actionner la noria à munitions, de ventiler et de vider le bac à douilles. En cas de tirs prolongés, les servants devaient aussi refroidir l'armement grâce à un circuit d'eau partant d'un réservoir placé sur la colonne et des tuyaux menant au trumelage. Il fallait aussi regarnir les boîtes chargeurs des mitrailleuses en prélevant des cartouches dans les nombreuses caisses, stockées dans la petite chambre jouxtant le puits de la cloche.

 


Dossier Guillaume & Alexandre Keuer

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