La conception de la fortification suisse


La fortification suisse reposait sur une conception de défense active en profondeur où l'on défend pied à pied le territoire national en fonction des échelons de déploiement de l'armée.

Une politique de destructions massives des voies de communications devait entraver l'avance de l'ennemi.

Les blockhaus suisses sont globalement rudimentaires et se limitent généralement à une chambre de tir. Ils ont fréquemment  des créneaux à action frontale ou en écharpe. Leur défense rapprochée est souvent inexistante. Dans la pratique,  elle peut être assurée par les troupes de campagne, mais le plus souvent deux ou trois ouvrages se couvrent mutuellement.

Les forts suisses sont généralement des batteries à quatre pièces tirant en action frontale ou en écharpe, interdisant une vallée, un col ou un point de passage obligé.

Les forts comportent les pièces d'artillerie, les magasins et le casernement des artilleurs. La défense rapprochée des forts est souvent réduite à quelques créneaux pour mitrailleuses.

Les cuirassements se réduisent généralement aux plaques et trémies d'embrasures et aux portes. Les cloches et tourelles sont rares.

On note vingt deux tourelles tournantes pour une pièce de 105mm.



La protection contre les gaz ne se fait  que dans la partie passive des ouvrages (la caserne). Les créneaux et donc les casemates ne sont pas étanches au gaz. Les servants des pièces d'artillerie devaient porter des masques à gaz reliés au système de filtration des casemates pour assurer le service des pièces.

Le remarquable camouflage actuel fait illusion. Il date essentiellement après guerre où  on a intégré les ouvrages dans leur environnement. Combien de touristes sont passés à coté de chalets ou de rochers qui n'étaient en réalité que des blockhaus?



Nous avons vu de nombreux ouvrages où ce n'étaient que les façades qui étaient camouflées, vu du ciel on distinguait parfaitement la dalle. Cela corrobore parfaitement la thèse du camouflage anti-curieux. D'ailleurs ces treillis légers camouflant les créneaux en rocher auraient été soufflés dès le premier bombardement massif sur zone.

En fait, c'est le terrain escarpé de la Suisse qui a donné à sa fortification permanente toute sa valeur.

Après la guerre, en 1945, le concept des forts évolue. Le concept des forts  est abandonné au profit d'ouvrages monoblocs.

Ces ouvrages monoblocs se composent d'une cloche pour deux mortiers de 120mm, d'une soute à munitions et du logement pour les artilleurs. Petites infrastructures, dispersées sur le terrain, remarquablement camouflées.

On remarque aussi la construction de quelques blocs "Bison" qui ressemblent à des casemates de type "mur de l'Atlantique" modernisées.

A la fin de l'année 1998, l'armée suisse a fermée 73 forts d'artillerie tout au long de la chaîne des Alpes, de Saint-Maurice à Sargans. C'est, à quelques unités près, le nombre d'ouvrages construits par l'armée suisse jusqu'à la fin de la guerre en 1945.

Au total, la Suisse aura dépensé un milliard de francs de l'époque pour ériger dans tout le pays 1500 positions d'artillerie, 2800 positions d'infanterie et 3200 barrages antichars. Face aux envahisseurs potentiels, elle a dressé des obstacles antichar sur environ 500 km, dont les fameux "Toblerones".

Depuis quelques années, le voile du secret sur la fortification suisse est enfin levé, les mythes aussi.

Tout comme les forts de la Ligne Maginot, certains forts suisses sont maintenant ouverts au public.


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